Les essences et les apparences... C'est mon sujet et je constate que souvent mes titres ou mes amorces pointent les deux aspects. Je le dis souvent, les termes que j'emploie pour les types d'objets dont je discute n'ont pas d'importance, je vis dans un univers assez stable qui est descriptible comme « ce que l'on voir et ce qui est », les apparences et les essences, les âmes et les corps, les idées et les faits, etc. Je suis un corps par le constat de mon corps et un esprit par le constat de ma spiritualité (même si certains ne me trouvent pas si spirituel...). Je suis une idée, “humain”, je suis un fait, moi. Un fait descriptible en une multitude d'idées, en premier, “moi”, qui est une idée degré zéro, n'importe qui est un “moi” à commencer par vous, qui est une idée degré un, un “vous” est un “non moi” en relation à un “moi”, en l'occurrence comme vous n'êtes pas moi le ”moi” qui est vous est un “vous” pour le “moi” qui est moi, le “moi” qui est moi est un “vous” pour le “moi” qui est vous. Vous (le “vous” qui est vous) trouvez ça complexe ? C'est une complexité de niveau un. Si je dis que vous sommes un “moi”, selon les cas, “nous” est une idée de niveau deux ou trois et comme la complexité ne progresse pas de manière linéaire, le niveau de complexité de l'explicitation de “nous” devrait être autant de fois plus élevé relativement au niveau un que celui de niveau un relativement au niveau zéro, idem pour les rapports entre niveaux trois et deux. On a des techniques pour réduire la complexité, malgré tout elle augmente quand on passe d'un niveau l'autre. Voilà le cœur même de mes interrogations actuelles : quelle représentation des apparences et compréhension des essences peut-on avoir quand on simplifie les concepts de niveau deux ou supérieur ? Une fausse représentation, celle d'un monde peuplé d'idées simples et d'objets simples en relations simples.
Ce qui est incroyable je n'y crois pas. “incroyable” a son propre niveau zéro, et même c'est un concept de niveau zéro. Il y a bien un usage hyperbolique et un usage ironique, et il y eut même un usage substantif du terme mais ironique, on croyait très bien aux Incroyables car leur existence était la preuve de leur crédibilité mais on “ne pouvait” ou “ne voulait” pas y croire1 mais si on dit tout sèchement et sans ironie « C'est incroyable ! », ça veut dire ça, soit on ne peut y croire, soit ce n'est pas crédible. Je n'explorerai pas ici, ou alors plus loin, tout ce qu'on peut dire sur les personnes qui ne croient pas ce qui est ou qui croient ce qui n'est pas, pour me concentrer sur ce qu'on me présente comme réel et qui ne peut l'être, ce qui n'est pas crédible. Entre autres, ce qui est impossible est incroyable. Même remarque pour “impossible”, il y a un sens de niveau zéro, qui m'intéresse ici, « ce qui ne peut être ou paraître ». Ça marche en binôme, ce qui est incroyable est le plus souvent impossible, ce qui est impossible est le plus souvent incroyable. Que ne puis-je croire et qui ne peut être et qui m'induisit à créer cette page avec ce titre ? La “cybercriminalité”.
Il faut s'entendre, je ne méconnais pas l'existence de personnes qui, pour diverses raisons et par divers moyens, tentent de et parfois réussissent à commettre des actes de délinquance ou, plus rarement, des actes criminels, via Internet. Mais il en va de même partout et par tous les moyens, je reçois nombre d'appels téléphoniques de gens que je ne connais pas et qui ne me connaissent pas, et qui me jurent que si je fais ce qu'ils disent, demain on rase gratis. Certes, aujourd'hui il me faudra payer un peu, mais pour gagner beaucoup demain. Il y a un premier problème : ils connaissent à peine mon nom, sans parler des fois où ils me demandent si je suis mon père, lequel est mort il y a dix ans, ou ma mère, au cas où ma voix assurément masculine serait un leurre. Bien sûr, quand une personne se présente comme Anne-Sophie Dumoulin et a un accent nord-africain, ou Gérald Hautefeuille et à un accent mal définissable mais apparemment est-européen, je me dis qu'il y a un truc qui cloche. Fut un temps ça aurait été vraisemblable mais depuis au moins quatre décennies la coutume d'adopter un nom à consonance française après naturalisation s'est perdue, donc je n'y crois pas. Non que ça me gêne en soi qu'on se dote d'un pseudonyme, par contre quand on me fait une offre commerciale oui, ça me gêne. Donc, des appels téléphoniques qui sentent l'escroquerie, et des courriers aux offres alléchantes, que j'ai gagné X centaines de milliers d'euros et que pour confirmer mon gain je dois commander pour au moins X dizaines d'euros, ou des gars (parfois des filles) qui me rendent visite et me font une offre alléchante pour une somme dérisoire, bref, on n'a pas attendu Internet pour inventer l'estampe et la magouille, et son apparition n'a pas tari les autres sources. Que des délinquants ou des criminels agissent en se servant d'Internet je n'en doute pas, qu'il y ait quelque chose comme de la “cybercriminalité”, c'est-à-dire une criminalité consubstantielle à Internet, j'en doute beaucoup.
Y a-t-il une cybercriminalité ?
Et une cyberdélinquance, et un cyberterrorisme. Pour moi, non. S'il existe quelque chose de cet ordre qui soit proprement lié à Internet, c'est du côté des États ou des entreprises, rarement des particuliers. Mais l'inverse ou autre chose. L'inverse est la non cyberpolice ou la non cybersécurité, autre chose est un fait composite et lui aussi très ancien mais qui depuis quelques lustres emploie Internet comme un vecteur et comme une arme, les actions que mène un État ou une entreprise de niveau national ou international pour assurer son contrôle sur sa propre société et sur les sociétés tierces, tant alliées qu'adversaires ou ennemies. D'un sens d'est un peu vain, de l'autre ça agit pour partie contre la société. À long terme c'est vain, à court ou moyen terme c'est assez ou très antisocial.
J'en parle abondamment dans ces pages, ce qui constitue le cœur de la société peut être nommé la communication. Pour me répéter, les termes que j'emploie pour les types d'objets dont je discute n'ont pas d'importance, j'appelle ça communication, on peut aussi dire solidarité ou communion ou amour universel ou que sais-je, miracle ? Magie ? Transcendance ? Immanence ? Religion ? Idéologie ? Bref, un truc qui fait que les humains sont en relation les uns avec les autres et concourent à un projet commun. Je dis communication parce que tout simplement, si les humains ne communiquent pas entre eux et bien, c'est bête à dire, ils ne peuvent s'entendre et s'accorder. On peut aussi dire « harmonie universelle » en un sens très banal : si l'on ne s'accorde pas on ne peut pas s'entendre. Bien sûr, cet univers harmonieux envisageable est assez limité, en gros, la Terre et la portion d'univers qui s'étend entre sa surface et 36.000 kilomètres alentour, à trois ou quatre milliers de kilomètres près par excès. Bref, une toute petite portion de notre univers global.
Rien n'est simple dans un univers complexe, par le fait nous, que ce “nous” désigne les seuls humains ou tous les vivants terrestres, nous donc, sommes en relation avec l'ensemble de l'univers connu. Mais bon, au-delà de 40.000 km d'altitude, partant de la surface de notre planète, la relation est un peu, et même beaucoup, à sens unique. Exemple : la vie ne peut être sans apport d'énergie du Soleil, ergo nous sommes en relation directe et nécessaire avec lui, mais quant à nous notre action sur le Soleil est nulle, c'est donc une relation à sens unique. Idem pour tout ce qui agit sur nous à partir d'un point distant de la surface de la Terre de plus de 40.000 km, sauf une poignée d'objets plus distants et assez petits qui se baladent dans le système solaire et nous envoient de loin en loin de rares informations sur ce qu'ils croisent. On les nomme faussement “satellites artificiels”, ce serait plutôt des “comètes artificielles” mais bon, un nom en vaut un autre.
Donc, la communication comme cœur de la société, des sociétés, notamment de celles humaines. Non que ce leur soit singulier mais si j'aime en savoir sur autant de choses que possible, il faut le dire, ce qui m'intéresse le plus est l'humanité et son devenir. Je l'admets, je suis de parti-pris mais quoi, c'est le cas de chaque espèce, ses membres tendent à privilégier le sort de leur propre espèce. Une société n'est cohérente, n'est solidaire, que pour autant que ses membres peuvent communiquer entre eux. Or ce n'est pas simple et direct, il faut, pour relier les membres d'une société, une condition matérielle et une condition, que dire ? Informelle ? Disons, informelle ou informationnelle. Ou les deux. Du côté “matériel” il y a les moyens et les méthodes, du côté “immatériel” les formes et les contenus. Bien sûr cette division entre matériel et immatériel est de pure convention, symboliquement le matériel est “un corps”, l'immatériel “un esprit”, mais dans la réalité observable il n'y a nul corps sans esprit ni nul esprit sans corps. C'est justement là que peut s'insérer un dysfonctionnement au cœur de la société, quand le corps se fait esprit, quand l'esprit se fait corps, quand le corps se fait pure corporéité, quand l'esprit se fait pure spiritualité.
J'aime bien faire des descriptions rhétoriques. Non que j'adhère au propos mais ça permet de dessiner en quelques traits et de manière condensée une image de la réalité. J'en parle dans un autre texte, il m'arrive plus qu'à mon tour de faire des esquisses. Normalement, je ne les développe pas à l'écrit, ce sont des bases pour un discours oral, parfois cependant ça donne une amorce pour un texte. Ce n'est pas le sujet2 mais une phrase qui fait un bon lancement pour un sketch est du genre de celle qui conclut le précédent alinéa : reprendre et permuter les termes qui articulent le propos à suivre. Outre le fait que ça perturbe un peu les auditeurs et lecteurs, ce qui est une façon efficace d'augmenter leur vigilance, pour le conteur ça aide à imaginer un développement en voyant ce qui relie ces termes, ce qui les rapproche et les oppose. Quelques considérations avant d'en revenir à la cyber-quelque chose.
De la société et de ses évolutions.
Une société est un objet tout de convention, ce qui la fonde est ce qu'on nomme, depuis Jean-Jacques Rousseau, un “contrat social”, formel (Constitution, traité, convention...), ou informel (accord verbal entre “représentants des parties au contrat”). Je l'explique mieux dans d'autres pages, les sociétés connaissent des cycles prévisibles dans leur déroulement sinon dans leur réalisation. Plus exactement, elles connaissent deux mouvements, l'un qu'on peut dire linéaire, l'autre cyclique. Pour prendre un cas que je connais assez bien, à un niveau il y a une continuité depuis la République romaine jusqu'à l'Union européenne, mais entre environ -800 et aujourd'hui il y eut trois cycles principaux eux mêmes comportant trois cycles secondaires et formant ensemble un grand cycle, qui est lui-même le cycle secondaire d'un cycle plus large en durée et en extension. Je le disais dans un autre texte, à une époque assez lointaine, en toute hypothèse il y a environ 650.000 ans mais assurément il y a environ 300.000 ans, l'espèce humaine a, disons, “pris conscience de son humanité”, pris conscience du fait que tous les humains forment une même espèce. Avant eux, la connaissance qu'ont les individus d'appartenir à une espèce, quand elle existe, est intuitive, innée et non explicite, “inconsciente”. Cette conscience est liée à sa manière de communiquer, les humains disposent de ce qu'on nomme le “langage articulé”, une manière inédite d'associer les sons et les sens : sauf peut-être pour les cétacés et certains oiseaux, les autres espèces n'articulent pas leur langage, un son est associé à un seul sens et chaque sens est autonome, non relié aux autres sens ; les langages humains permettent à la fois d'associer les sens entre eux et d'associer plusieurs sens à un même son. Je ne vais pas tenter ici d'expliquer le processus, c'est intéressant certes, du moins de mon point de vue (je m'intéresse de très longue date à la langue et ai même passé pas mal de temps à étudier la linguistique, tant à l'université que par moi-même) mais ce n'est pas le sujet ici, on peut partir d'un moment significatif quant aux sociétés humaines, qu'on peut situer il y a 35000 ans environ, où l'on peut dire que les humains sont présents sur tous les continents sinon l'Antarctique. C'est à cette époque que se met en place cette progression complémentaire, linéaire et cyclique.
Par le fait, ce type de progression est probablement plus ancien mais modéré par le fait que les humains ne sont pas partout présents. Pour qu'elle se stabilise et se renforce, il fallut la circonstance que les sociétés humaines n'eurent plus un “extérieur”, jusque-là une société particulière avait toujours l'opportunité d'aller plus loin trouver des espaces libres si elle se trouvait à l'étroit (trop de voisins) ou à bout de ressources ; une fois qu'il y eut des humains partout, et bien, il n'y avait plus aucun “ailleurs” libre d'humains. De ce fait, si les sociétés humaines voulaient persévérer dans leur être, et bien, il leur fallait, soit assujettir ou détruire l'occupant du territoire visé, soit négocier un partage de ce territoire et de ses ressources. Par le fait, la tendance générale fut plutôt la négociation avec de loin en loin des conflits plus ou moins sévères, rapport au fait que les sociétés qui arrivent sont en général assez faibles, et que les occupants ont souvent intérêt à permettre à des petits groupes d'étrangers de s'installer pour redynamiser leur propre société. La progression linéaire est, disons, le mouvement général d'évolution de l'humanité, les cycles sont des épisodes d'interaction entre une société “nomade” et des sociétés “sédentaires”, tenant compte que les nomades d'un cycle sont généralement les sédentaires du suivant. Sans dire que ce ne soit pas réel et effectif, d'une certaine manière cette interaction est un jeu entre membres d'une même société, les uns tenant le rôle de “l'occupant”, les autres celui de “l'envahisseur” ou du “réfugié”, selon les circonstances.
Du fait que l'humanité est une depuis probablement 300000 à 350000 ans, ce jeu est je suppose aussi ancien mais du moins il est évident surtout pour la période la plus récente, avec trois séquences assez liées à un cycle naturel, celui des glaciations. Les évolutions globales et locales des calottes glaciaires et les variations du niveau des mers et océans ont provoqué au cours de cette période des configurations, disons, “civilisationnelles” variables. Il se peut que les avancées des recherches dans les temps à venir fassent reconsidérer cela mais en l'état actuel de nos connaissances on ne peut pas réellement parler de civilisations avant la dernière phase de cette période, soit en gros 11000 ans, peut-être un terme plus juste serait quelque chose comme “bassin culturel” sans supposer une réelle unité culturelle. Chacune des trois phases est d'une durée approximative de 11000 ans, les première et dernière, plutôt de 12000 ans environ, l'intermédiaire de 9000 à 10000 ans.
Entre -110000 et -11500 environ eut lieu une longue période glaciaire avec des plus hauts et des plus bas. Il y a 35000 ans environ et jusqu'à il y a 21000 ans environ, il y a trois bassins culturels principaux, l'un entre Asie du sud et du sud-est et Océanie, l'un entre Asie centrale et du nord-est et Amériques, l'un entre Europe, Moyen-Orient et Afrique. Ils ne sont pas hermétiques et selon les moments, la partie centrale, le continent eurasiatique, est plus ouvert ou plus segmenté. Suit une forte période glaciaire entre -20000 et -11500, d'une intensité spéciale au nord-est de l'Eurasie et au nord des Amériques. C'est après la fin de cette période glaciaire que vont se constituer les civilisations. J'en parle de manière plus détaillée par ailleurs, chaque cycle connaît trois phases : progression, stabilisation, régression. Ma présentation rapide peut donner l'impression de mouvements massifs et assez convergents, ce qui n'est pas le cas, on peut voir ça comme une évolution fractale, chacun des trois “bassins culturels” connaît un cycle général long mais dans ce cycle chacune des sociétés qui le composent a ses propres cycles, elles-mêmes sont des sociétés de sociétés et leurs propres composantes ont leurs cycles, enfin il y a un “décalage de phase” entre ces sociétés. Sans considérer pour l'instant les ensembles plus larges, qui ne sont intéressants que pour les deux derniers siècles environ, on peut bien voir le phénomène pour cet ensemble que constitue depuis environ 5000 ans Moyen-Orient, Europe et Afrique du Nord et de l'Est. Le point de départ de cet ensemble est l'invention (enfin, l'une des inventions puisque la chose a eu lieu en plusieurs endroits) de l'écriture, en Mésopotamie et en Égypte.
La phase de progression d'une société correspond à un changement majeur dans sa manière de communiquer. On peut dire que de tels changements ont une sorte d'effet de sidération, ceux parmi les membres de la société qui en ont la maîtrise ou le contrôle réalisent des actions qui apparaissent magiques ou miraculeuses aux autres membres, quelque chose comme de la transmission de pensée, pour “l'esprit”, et de l'ubiquité pour “le corps”. Bien sûr ça n'a rien de magique ou de miraculeux, quand dans une société un groupe restreint monopolise un mode de communication lui permettant de communiquer plus efficacement à distance, il peut se coordonner pour accomplir une action collective différée. Bien sûr, le monopole ne peut pas être éternel, le temps passant, par nécessité il y a de plus en plus de membres de la société qui maîtrisent ou contrôlent en partie ou en totalité le nouveau mode, et bien sûr dans le groupe de “sachants” naissent des divisions et des oppositions. Quatre groupes notamment vont se mettre en place, qui vont s'opposer sur deux questions, la maîtrise de la communication et le contrôle de l'information et le but de la société, la seconde s'articulant sur la question des moyens et des fins. On peut nommer et décrire ainsi ces quatre groupes, ainsi qu'un cinquième, qui est à la fois l'objet et le sujet de la querelle :
- Les démocrates, qui veulent que chacun soit en état de maîtriser la communication et de contrôler l'information, et postulent qu'aucune fin n'est bonne ne se justifie et qu'aucun moyen n'est bon ;
- Les oligarques, qui veulent que chacun soit en état de maîtriser la communication mais que seuls certains puissent contrôler l'information, et postulent que tous les moyens sont bons ;
- Les aristocrates, qui veulent seuls certains puissent maîtriser la communication et que tous puissent contrôler l'information, et postulent qu'aucune que les fins justifient les moyens ;
- Les nihilistes, qui veulent que personne ne puisse maîtriser la communication ni contrôler l'information ou croient que personne ne peut maîtriser l'une et contrôler l'autre, et postulent qu'il n'y a ni fins ni moyens ou que s'il y en a, il faut les détruire ;
- La société, c'est-à-dire l'ensemble de ses membres, auquel les autres groupes sont plus ou moins liés, qui a une fonction d'arbitre et en théorie ne participe pas à la querelle.
Un cycle social complet est une sorte de jeu avec un certain nombre de parties et avec une incertitude quant à l'accomplissement du cycle. En tous les cas, si le cycle complet a lieu ce sont toujours les démocrates qui gagnent, mais si à un moment des nihilistes sont en situation de diriger la société ils peuvent la détruire, ce qui évidemment met fin au jeu et, dans les pire cas, contribue à la mort de toutes ses membres. Je n'ai pas connaissance d'un pire cas pour les sociétés larges, par contre c'est arrivé plus d'une fois pour des sociétés restreintes, de quelques membres à quelques milliers de membres, voire quelques dizaines de milliers. Dans les faits, en général le pire cas ne se produit pas réellement parce que les membres d'une société en voie de destruction physique ont presque toujours l'opportunité, à titre individuel ou par groupes, de “sortir de la société”, de s'en désolidariser et de fuir ou de se rallier à une autre société, cela dit il eut parfois quelques pires cas réels, sinon que même dans ces cas il y a parfois des survivants mais parmi les nihilistes C'est que, même quand on veut la destruction de la société, on ne veut pas toujours la sienne propre...
Les médiateurs et les communicants.
En temps normal (mais y a-t-il des temps normaux ?) les médiateurs sont “côté corps”, les communicants “côté esprit” les premiers sont censés parler de la réalité, la montrer, les seconds s'occupent de la mise en forme de discours généraux sur “l'état de la société” sans lien direct à la réalité, disons, les premiers informent, les seconds édifient. En temps “anormal”, en apparence les choses s'inversent, les médiateurs édifient, les communicants informent. En réalité ils se maintiennent dans leurs fonctions, sinon que les médiateurs se mettent à “inventer la réalité” et que les communicants “détruisent le lien social”.
Étant donné que nous vivons en ce moment un temps anormal il n'est pas vraiment besoin de développer trop cette question, elle aussi mieux étudiée par ailleurs. D'évidence, “inventer la réalité” est une opération impossible, ce qui se passe est que, par volonté ou non, les médiateurs, censés recueillir et diffuser les informations qui permettent de se représenter aussi exactement que possible la société, les rapports entre ses membres, la circulation des biens et des personnes et le type et le niveau de ressources disponibles. Il ne s'agit pas d'obtenir une image réelle, ça signifierait dupliquer la société, faire que la représentation soit une réplique exacte à l'échelle 1 de la société, en fait cette représentation se fait ou devrait se faire selon le principe général de la subsidiarité. Comme nous le dit l'article de Wikipédia, le principe de subsidiarité « est une maxime politique et sociale selon laquelle la responsabilité d'une action publique, lorsqu'elle est nécessaire, revient à l'entité compétente la plus proche de ceux qui sont directement concernés par cette action ». “Recueillir et diffuser les informations qui permettent de se représenter aussi exactement que possible la société” est une action publique nécessaire mais dont la “granularité” qui, dixit Wikipédia de nouveau, « définit la taille du plus petit élément, de la plus grande finesse d'un système », n'est pas la même selon “l'entité compétente la plus proche” : pour la France, au niveau de la commune ou du canton elle doit être assez élevée avec une taille réduite des éléments et une grande finesse dans l'analyse du système, au niveau de l'État les éléments sont très grossièrement définis et l'analyse très sommaire, très simplifiée. Dans leurs compte-rendus de l'état de la société les médias sont en théorie répartis selon la même gradation, avec, dans le cas de la presse, la gazette locale qui s'occupe de la commune ou du canton, le bulletin communautaire qui est concerné par l'information au niveau des “communautés de communes”, puis l'on dispose du journal départemental, régional, national. Quand je dis “la” gazette, “le” bulletin, “le” journal c'est un modèle, dans les faits il est bon, au moins à partir du niveau “communauté de communes”, de disposer de deux ou trois publications au moins, et à partir du niveau régional, de publications à périodicités diverses, du quotidien à l'annuaire en passant par l'hebdomadaire, le mensuel, etc. Voilà pour la théorie.
En pratique, il y a toujours une usure de la structuration des médias, due au fait que ce travail de recueil et de mise en forme des informations est coûteuse, et qu'à l'autre bout les membres de la société, par routine, réduisent leur vigilance, lisent de moins en moins de publications pour, à la fin, se contenter de ceux de plus haut niveau, régional et national. Ce qui crée, dira-t-on, une discordance cognitive : les membres de la société constatent localement une certaine société, et obtiennent l'image d'une autre société. Ce qui est renforcé par une perturbation des médias eux-mêmes : du fait que les plus bas niveaux d'information sont de plus en plus rares, ceux de plus haut niveau tentent d'y pallier mais informent localement avec les moyens d'information de leur niveau, de ce fait ils simplifient et grossissent l'information locale, ce qui augmente le niveau de discordance cognitive. À cela s'ajoute que certains groupes sociaux vont volontairement contribuer à augmenter le niveau de discordance cognitive pour leur intérêt propre ou celui de leurs projets sociaux, les “oligarques” en diffusant des informations partielles ou partiales, les “aristocrates” en réduisant ou en augmentant le nombre d'informations diffusées et leur vitesse de diffusion, les “nihilistes” en diffusant de fausses informations.
Oligarques, aristocrates, nihilistes et démocrates sont proprement les “communicants”, d'un point de vue structurel ce sont des groupes cohérents mais d'un point de vue effectif ils se constituent en groupes divergents et parfois antagonistes. On peut représenter une société comme une sphère où, selon que l'on considère la communication ou l'information, la position de chaque groupe “dans la société” sera horizontale ou verticale. Au début et à la fin d'un cycle, les démocrates sont censément au centre ou au milieu, les oligarques à droite ou en haut, les aristocrates à gauche ou en bas, les nihilistes, au début du cycle “nulle part”, à la fin “en périphérie” ou “partout”. Au début du cycle ces positions sont “réelles” et les groupes sont informels, des “fonctions” ; à la fin les positions apparentes ne sont pas celles “réelles” et ce sont des “statuts”. J'écris réelles entre guillemets en ce sens que tout ça est symbolique, il ne s'agit pas réellement d'une sphère avec des groupes réellement disposés d'une certaine manière dans le “corps social”, pour exemple, dans toute société il y a un « centre du pouvoir » qui est symboliquement un bloc au centre de la société, dans la réalité observable, d'une part ce pouvoir peut être effectivement centralisé mais peut aussi être décentralisé, avec une plus ou moins grande autonomie de chaque siège de pouvoir, de l'autre même un pouvoir centralisé n'est pas nécessairement vers le centre physique de la société, au centre de son territoire, dans des pays comme la France ou l'Italie, de fait le centre principal est physiquement proche du centre géographique, dans des pays comme la Grande-Bretagne ou les Pays-Bas il en est assez éloigné. Je préfère préciser l'évidence, une société n'est pas une sphère, parce que je crains fort, et même je suis assez certain, que pas mal de gens on le sentiment ou la conviction que la société est réellement une sphère.
Les groupes de “communicants” ne sont pas effectivement cohérents et sont donc composés de groupes parfois antagonistes mais, fonctionnellement, ils convergent dans leurs intérêts. Le modèle “politique” permet de bien comprendre comment tout ça se structure. Dans la France de 2017 on a une version simplifiée de la chose qui permet de mieux lire l'ensemble :
- La République en marche symbolise les démocrates ;
- Les Républicains et Le Parti socialiste symbolisent les oligarques ;
- La France insoumise, les sécessionnistes « de gauche » du PS la frange la plus “souverainiste” du Front national symbolisent les aristocrates ;
- La frange la plus radicale du FN, le mouvement représenté par La Manif pour tous, et les terroristes islamistes, symbolisent les nihilistes.
De fait, La Manif pour tous et les terroristes islamistes ne font pas que symboliser, ils sont réellement nihilistes, ils agissent réellement contre la société. On peut dire que La Manif pour tous représente un nihiliste “de droite”, qui a pour but de revenir au passé, de “restaurer” une situation “idéale” située “dans le passé” et que les terroristes islamistes représente un nihiliste “de gauche”, qui se fixe pour but de réaliser l'avenir, de “réaliser” une situation “idéale” située “dans le futur”. Je sais que beaucoup croient que les islamistes dits radicaux sont tournés vers le passé et veulent restaurer une situation idéale, celle de l'époque du Prophète, alors qu'à l'analyse il s'agit d'un mouvement de type millénariste, donc tourné vers l'avenir. La jonction de l'islamisme radical avec le passé est autre qu'une supposée restauration, il s'agit pour cette mouvance d'accomplir ce qui, dans le passé, ne s'est pas réalisé, la conversion de toute l'humanité à la Vraie Religion, alors que La Manif pour tous et mouvements associés ont pour but de rétablir un passé mythique, un supposé et impossible “Âge d'Or”. Disons que les “islamistes” voient notre avenir dans le passé, et que les “pour-tousistes” voient notre passé dans l'avenir...
Ma typologie désigne des groupes fonctionnels, non des groupes réels, par exemple, ceux que l'on désigne en France et en 2017 comme des « aristocrates », “le comte de Truc”, “la baronne Machin”, n'en sont pas nécessairement, et à la fin de l'Ancien Régime une bonne part de la “noblesse d'épée” et de la “noblesse de cour” était nominalement aristocrate. Par le fait, statutairement il n'y a définitivement plus d'aristocratie formelle en France depuis 1875, ni d'aristocratie réelle selon le modèle d'Ancien Régime depuis au moins 1800, date où le groupe que représentait Bonaparte a posé les bases de l'aristocratie républicaine. On peut étendre ça à toute l'Europe centrale et orientale où les entités d'Ancien Régime furent peu à peu converties au modèle “État” en remplacement des “nations” et des “empires”. On peut dire que ce fut réalisé vers 1870 même s'il y eut encore quelques résistances jusqu'en 1947. De fait, l'ancienne aristocratie, celle qui l'était statutairement et non fonctionnellement, est résiduelle alentour de 1870. Pour exemple, un personnage comme le prince Salina dans Le Guépard peut figurer, pour l'auteur du roman, un oligarque ou un démocrate, ou alors un type d'humain hors classe, un “usurpateur” (j'ai l'habitude de nommer ce type de personnage un “escroc”, quelqu'un qui n'est pas ce qu'il paraît et dont les buts réels ne concordent jamais avec les buts apparents). Selon moi, Giuseppe Tomasi di Lampedusa, l'auteur du roman, campa plutôt un démocrate mais je ne connais le récit que par le film que Luchino Visconti, et dans celui-ci c'est bien un démocrate. Je ne peux certifier ce qu'est le personnage du roman parce que je ne l'ai pas lu et parce que par sa biographie l'auteur est nécessairement une sorte d'ethnographe de l'aristocratie italienne de la fin du XIX° siècle et du début du XX°. De fait, il n'y a plus d'aristocratie statutaire en Italie après 1860, et de droit après en gros 1910, assurément après 1920, donc la “classe des aristocrates” ancienne manière, avec ses princes, ses ducs, ses comtes, etc., n'existe plus. Ceux qui perpétuent cette tradition sont donc des usurpateurs en tant que groupe, par contre chaque “aristocrate” peut s'attacher à d'autres groupes, ou mener son propre jeu, être un “escroc”. Il se peut que Lampedusa ait campé un oligarque, qui se sert de son titre pour acquérir du prestige, un usurpateur qui a donc ses propres visées, ou un démocrate qui joue à l'aristocrate pour disqualifier le groupe en question, le montrer comme un groupe d'usurpateurs. Toujours est-il, dans le film il est un des représentants du réalisateur et présente de lui sa face, dirai-je, la plus réelle, le démocrate, de ce fait la fameuse phrase qu'il y prononce, « Il faut que tout change pour que rien ne change », si elle est sincère, est typiquement une phrase d'oligarque, si elle est ironique, celle d'un démocrate. Dans le film c'est la phrase d'un démocrate qui nous signale, « si vous avez l'impression que tout change, probablement les personnes ayant le contrôle de l'information veulent que rien ne change et simulent le changement radical ». Dans le roman, il se peut que Lampedusa campe un oligarque et nous offre une phrase émise en direction d'un apprenti oligarque, une leçon sur la manière de conserver le pouvoir : si tu veux garder le contrôle, n'essaie pas d'empêcher le changement ni de le provoquer, laisse les choses advenir puis change leur orientation.
La philosophie de base d'un aristocrate, un vrai, est inverse : il faut que rien ne change pour que tout change. Quelqu'un comme Jean-Luc Mélenchon en est un bon exemple, le fond de son discours est : je représente “les forces du changement” et pour que “le changement” advienne il faut surtout ne rien changer. Certes il veut changer beaucoup de choses mais à y regarder de près, ce sont des changements qui ne changeront pas grand chose. Exemple : il postule que la démocratie représentative est périmée et que propose-t-il ? Une sixième République où la représentation nationale sera “plus représentative”, bref, la représentation ça ne marche pas, pour corriger ça ayons plus de représentation... Exemple : il veut que l'on établisse le mandat impératif révocatoire. Bon. Je suis élu avec comme mandat impératif de voter une loi qui propose la distribution de bons de rasage gratuit à tous les Français. Déjà, il va falloir réfléchir à la question des barbus et des imberbes, doivent-ils aussi se voir attribuer un bon et en ce cas, doivent-ils nécessairement en faire usage ? Là-dessus, il y a la question du coût : doit-on faire effectuer le rasage par des professionnels, en ce cas doit-on les rémunérer au tarif syndical et si oui, est-ce à chacun de payer ou est-ce que ça doit être à la charge de la collectivité ? Si non, doit-on prévoir une compensation en rémunération forfaitaire ou en allègement de prélèvements obligatoires, ou ne pas compenser le manque à gagner ? Puis il y a la question de la faisabilité : si l'on doit raser tous les Français (même la seule part des Français souhaitant se raser), est-ce que l'on doit considérer l'auto-rasage comme un droit ou au moins une licence ? Si non, le nombre de professionnels n'étant pas suffisant pour raser tous les Français souhaitant être rasés, moins encore tous les Français, doit-on faire effectuer la chose par des agents de l'État assermentés, ou doit-on décréter la mobilisation générale ? En cas d'insoumission, quel sort réserver aux insoumis – les autres insoumis que ceux de La France insoumise... Si au bout du compte la réalisation du rasage universel et démocratique se révèle impossible, doit-on révoquer les élus puisqu'ils n'ont pas pu exécuter leur mandat impératif, où doit-on estimer que le vote de la loi suffit à dire que le mandat est rempli ? Le mandat impératif révocatoire est un autre nom pour “demain on rase gratis”.
Quel est le but d'un oligarque ? Que rien ne change. Comme c'est impossible, il va créer une perturbation dans l'information, une perturbation qui donnera l'impression que les choses changent. Dans des périodes, disons, normales, ce seront des petits changements, de supposées améliorations qui ne sont que des ravalements de façade. Comme dit, il ne s'intéresse pas aux fins, seulement aux moyens, et précisément à la captation des moyens, qui sont un levier pour la captation des ressources. C'est son but, capter des ressources, le plus de ressources possible. Ce faisant, il “crée de la rareté”, apparemment les ressources de la société se réduisent. D'un sens, cette manipulation est visible, on voit très bien que les oligarques accumulent, donc soustraient des ressources, on voit que cette rareté est illusoire, mais il se trouve que tout ça est “légal”, sanctionné par la loi. L'autre pan, la perturbation dans la communication, est visible à qui sait voir, mais beaucoup de gens ne veulent pas voir. Je le dis dans une autre page, quand on lit un journal, quand on écoute la radio, qu'on regarde la télé, qu'on va sur les “sites d'information” d'Internet, on a l'impression que la France c'est Sarajevo puissance 100, le Liban de la guerre civile puissance 10, quand on sort dans la rue, dans n'importe quelle rue de n'importe quelle ville, n'importe quelle cité, n'importe quel quartier, et bien, c'est la France éternelle, celle où l'on peut aller acheter son pain sans rencontrer de terroriste ou de fasciste, et rentrer tranquille. Que doit-on croire, ce que racontent les médias ou ce que nous montrent nos yeux ? Moi je crois mes yeux, j'ai grande confiance en eux, 58 ans qu'ils me servent et sauf, dans mon jeune temps, quand j'ai parfois fait quelques excès alcooliques ou psychédéliques, ils m'ont été fidèles. Même dans ces cas je savais par avance que, temporairement, ils risquaient fort de ne pas l'être. Par contre, plus d'une fois ce que présenté comme vérité par un média un jour, me fut donné comme mensonge le lendemain. Du fait, je crois plutôt mes yeux que les médias, mais autour de moi bien des gens semblent plutôt croire les médias que leurs yeux. Curieux...
Tant “Les Républicains” que le PS sont des défenseurs de l'oligarchie. Non que leurs élus soient nécessairement des oligarques, ce sont plutôt leurs obligés. Leur auto-représentation est plutôt celle d'aristocrates, ce sont des “professionnels de la politique” supposés être compétents sur titres (ENA, Sciences PO), par formation interne (assistance parlementaire, cabinets ministériels) ou par les deux (haute fonction publique, préfectorale), une élite par le mérite ou par le talent. Par contre, ils ont conscience que leur position sociale est en rapport direct à la préservation de la structure sociale actuelle, raison pourquoi ils sont d'ardents défenseurs de la législation quand elle protège les positions acquises tant par leur groupe que par les oligarques. Soit précisé, les réels oligarques et non ceux qui ne doivent leur position que par la protection de la loi sont plutôt défavorables à ce type de protection, ou sont indifférents à ce jeu mortifère, qui à terme tue surtout ceux qu'il est censé protéger. Un type comme Xavier Niel par exemple, se fait méchamment moquer par les médiateurs par sa visible méconnaissance du grenouillage politique. Bon, qu'est-ce que ça lui fait ? Rien. Les élus passent, les gouvernements trépassent, les margoulins finissent toujours par se faire surprendre la main dans le pot de confiture, lui fait ce qu'il souhaite faire et continue tranquillement son chemin. Un dernier point, sans que ce soit général il y a une frange importante de syndicalistes ouvriers professionnels partisans de l'oligarchie, car leur position est directement liée au maintien des structures actuelles.
Un nihiliste a pour but la destruction de la société. C'est aussi simple que ça et en outre c'est explicite. C'est bien sûr très visible avec les nihilistes “purs”, aujourd'hui les supposés “djihadistes”, hier les promoteurs de la supposée “action directe”. Nihilistes purs, c'est vite dit, en fait il y a deux sortes de nihilistes de ce genre, ceux qui pensent et ceux qui agissent, ceux qui organisent et ceux qui exécutent. Vous l'aurez peut-être vu, mais je n'en suis pas certain, la très grande majorité des “terroristes” français sont d'anciens délinquants (souvent même pas si anciens délinquants que ça), vous ne l'aurez à coup sûr pas remarqué tant c'est peu mis en avant dans les médias, presque tous ceux des terroristes en instance qui furent arrêtés avant qu'ils n'agissent ont ceci en commun d'avoir une ignorance crasse en matière de religion, et une connaissance de l'arabe qui se limite à une phrase, celle qui certifie la “conversion”, et deux ou trois slogans. Leurs “textes sacrés” sont les textes théoriques et pratiques en français ou en anglais produits par les théoriciens des groupes de promotion du supposé djihad et souvent signés par leurs chefs, les textes signés par les théoriciens même sont généralement beaucoup plus subtiles et à usage interne. On peut voir quelque chose de similaire, bien que différent, chez les nihilistes “bien de chez nous”, ici le Font national et “La Manif pour tous” : discours interne très différent du discours public, “action directe” laissée à un lumpen proletariarat souvent près de la délinquance et chef qui ne se salissent jamais les mains. J'ai vu une séquence très intéressante il y a peu, le “débat présidentiel” entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Mme Le Pen aurait voulu couler sa candidature qu'elle n'aurait pas fait autrement qu'elle ne fit ce jour-là. En fait c'est le cas, elle a voulu couler sa candidature. Sauf circonstance exceptionnelle, guerre civile par exemple, la place d'un nihiliste n'est pas au pouvoir, on le voit ces temps-ci avec Donald Trump : quand on construit sa propagande sur un concept de guerre civile et qu'il n'y a pas de guerre civile, et bien, on se retrouve impuissant. Pour Marine Le Pen qui, contrairement à Donald Trump, n'est pas une imbécile, avoir le pouvoir n'est pas souhaitable, d'où son comportement durant ce débat. Pour les imbéciles dont j'espère que vous n'êtes pas (mais je doute beaucoup) elle aurait “montré son vrai visage” ce jour-là ; pour quiconque a un peu de jugeote, elle a montré un de ses multiples masques. D'un sens, je ne sais pas vraiment qui est Marine Le Pen, peut-être une nihiliste, peut-être une usurpatrice, peut-être même une démocrate. Le contexte général me donne l'indice qu'elle aurait plutôt une mentalité d'escroc mais peu importe, les escrocs ou les nihilistes qui simulent l'adhésion à la société renforcent la société, quoi qu'ils en croient. Par contre, La Manif pour tous est l'exact pendant des “djihadistes”, le miroir des auto-proclamés djihadistes, les uns sont « des ennemis de l'extérieur à l'intérieur », les autres « des ennemis de l'intérieur vers l'extérieur », les uns et les autres sont “de l'intérieur” et menacent “vers l'intérieur”.