Comme je le dis à quelques reprises de cette manière ou d'autre dans les pages de ce site, tout ce qui fut jamais est. Ce qui a des conséquences parfois désastreuses. Il me semble que ce qu'on nomme à plus ou moins juste titre les “réseaux sociaux” sur Internet – plus en ce sens qu'il s'agit bien de réseaux, moins en ce sens que notre socialisation se fait ailleurs, moins en ce sens qu'il ne s'agit pas de réseaux sociaux à proprement parler, plus en ce sens qu'ils agissent sur les réseaux sociaux réels – illustre bien la chose, et Internet dans son ensemble : tout ce qui a transité un jour sur ce réseau de communication laisse une trace de sa présence, sinon les quelques rares données ou informations perdues avant d'avoir été consultées, le système local où elles résidaient ayant défailli, perdant ses données et ses informations. Internet, inventé par des humains sociaux, a toutes les caractéristiques des objets sociaux et, sa fonction étant de mémoriser, mettre en forme et diffuser des données, toutes les caractéristiques d'un objet social proprement humain, lesdits se distinguant des autres êtres vivants par cette capacité à mémoriser, mettre en forme et diffuser des données consciemment et au-delà de leur limite d'être vivant.
Dire que tout ce qui fut jamais est vaut pour tout ce qui advient dans cet univers. Bien que ne le considérant pas strictement ainsi pour mon compte, on peut dire que les événements qui s'y déroulent sont des enchaînements infinis de causalités, tout événement actuel est une conséquence, une résultante d'événements antérieurs et une cause d'événements ultérieurs. Les êtres vivants on la singularité de la conscience de ces causalités, ce qui leur permet de les corriger marginalement et localement – dans leur environnement. Parmi eux certains en ont une conscience seconde, la compréhension dans l'espace et le temps de la circulation des êtres et des choses dans le territoire qu'ils occupent, ceux-ci pouvant être très vastes – cas par exemple des migrateurs, qu'ils soient animaux ou végétaux, aériens, marins, terrestres, mais si vaste soit-il, ces êtres suivent toujours les mêmes traces, d'année en année ou tout au long d'une existence. Certains enfin en ont une conscience tierce, leur mémoire acquise est pour partie celle de leurs prédécesseurs, parfois pour large partie. Enfin, les humains : chacun dispose virtuellement (c'est-à-dire, de fait) de toute la mémoire de l'espèce, et l'espèce dispose de toute la mémoire des individus, ce qui permet à l'espèce et potentiellement à chacun de ses membres d'avoir une conscience dans l'espace et dans le temps très au-delà de la faible trace que chacun laisse en ce monde. Problème : cette conscience étendue donne souvent aux individus, aux groupes, aux sociétés, la perception fausse d'une capacité de régulation des événements très au-delà de leurs capacités réelles.