«L’actrice Adèle Haenel accuse le réalisateur Christophe Ruggia d’“attouchements” et de “harcèlement sexuel” lorsqu’elle était âgée de 12 à 15 ans. Son récit est conforté par de nombreux documents et témoignages. Mediapart retrace son long cheminement, de la “prise de parole impossible” au “silence devenu insupportable”. Le cinéaste conteste “catégoriquement” les faits».

Je vous conseille la lecture de cet article, très instructif sur la manière dont peut se construire un processus de type “harcèlement”, et plus encore sur celle dont les spectateurs de ce processus peuvent, que dire? Être dans le déni? Dans l'aveuglement volontaire? Je ne sais comment qualifier cela. Le creux de la question, les socio-psychologues le nomment “dissonance cognitive”, que l'enseignante-chercheuse Éva Louvet décrit ainsi dans une «Introduction à la psychologie sociale »: «Présence simultanée d’éléments contradictoires dans la pensée de l’individu. Un cas typique de dissonance est précisément celui qui résulte d’un désaccord entre nos attitudes et nos comportements». L'article en question met en évidence plusieurs comportements que les concepts de la psychosociologie a su mettre en évidence et nommer. Entres autres, ceux-ci:

  • Influence normative. Forme d’influence basée sur le respect des normes établies par le groupe. L’objectif de l’individu est d’être accepté par le groupe, d’être jugé positivement par les autres membres du groupe, ou, tout du moins, d’éviter la désapprobation sociale. Il est influencé par les autres suite à un conflit motivationnel.
  • Obéissance, soumission à l’autorité. Changement de comportement afin de se soumettre à l’ordre provenant d’une autorité légitime – ou perçue comme légitime.
  • Effet de primauté. Impact plus marqué des premières informations reçues comparativement aux suivantes sur la formation des impressions.
  • Effet de centralité. Impact particulièrement important de certaines informations concernant les caractéristiques d’autrui sur la formation des impressions. Ces caractéristiques sont de ce fait appelés traits centraux.
  • Théories implicites de la personnalité. Conceptions ou croyances quant aux relations qui existent entre différents traits de personnalité: certains traits vont habituellement ensemble, alors que d’autres, semblent s’exclure; d’autres, enfin, n’entretiennent aucune relation les uns avec les autres.
  • Attribution interne. Explication du comportement d’une personne par des facteurs liés à la personne elle-même, c’est à dire essentiellement ses intentions, mais aussi sa motivation (-> effort) et ses capacités.
  • Attribution externe. Explication du comportement d’une personne par des facteurs extérieurs à la personne, tels que notamment les contraintes liées à la situation, la difficulté de la tâche et le hasard.
  • Biais (ou divergence) acteur-observateur. Divergence dans le type d’attributions causales selon qu’on explique son propre comportement (acteur) ou celui des autres (observateur): tendance à attribuer nos propres comportements à des facteurs externes et le comportement des autres à des facteurs internes.
  • Biais d’auto-complaisance. Tendance à attribuer son succès à des causes internes et son échec à des causes externes.

Une remarque au passage, les deux derniers “biais” de ma courte liste sont deux aspects d'un même objet, qu'on pourrait nommer “biais d'attribution”: un individu ne tendra pas nécessairement «à attribuer ses propres comportements à des facteurs externes et le comportement des autres à des facteurs internes», mis tendra plutôt à inverser les explications causales selon les cas et les personnes concernées, pour lui-même ou pour les personnes envers qui il a une opinion positive il tendra à faire ce que dit dans le second biais, «attribuer le succès à des causes internes et l'échec à des causes externes», pour des tiers distants ou envers qui il a une opinion négative, au contraire il tendra «à attribuer le succès à des causes externes et l'échec à des causes internes». Ce ne sera pas systématique mais c'est assez courant.

On peut supposer que Christophe Ruggia est jusqu'à un certain point honnête dans sa dénégation, et qu'il se perçoit actuellement comme faisant lui-même l'objet d'une sorte de harcèlement. Jusqu'à un certain point seulement, en ce sens que si on est convaincu de n'avoir pas eu de comportement harceleur à l'encontre d'une mineure, on ne se protège pas de l'écran de deux avocats et on ne refuse pas de répondre à des questions claires et précises concernant ce possible harcèlement. Il faut s'entendre, ni je n'affirme qu'il y eut harcèlement d'ordre sexuel, ni je ne suppose que ce fut délibéré de sa part, je dis juste qu'il a été amené à considérer qu'en effet il eut à un moment un comportement quelque peu équivoque à l'encontre d'une mineure, que l'on peut décrire comme une forme de harcèlement à connotation ou dénotation sexuelle. On peut aussi supposer qu'Adèle Haenel a initié un mouvement qui s'apparente à du harcèlement, mais qui pourrait se résoudre simplement, il suffirait à Christophe Ruggia de dire oui, c'est vrai, j'ai eu à cette époque un comportement qu'on peut considérer comme du harcèlement. Pour citer l'article,

«Si l’actrice en parle publiquement aujourd’hui, insiste-t-elle,“ce n’est pas pour brûler Christophe Ruggia” mais pour “remettre le monde dans le bon sens”, “pour que les bourreaux cessent de se pavaner et qu’ils regardent les choses en face”, “que la honte change de camp”, “que cette exploitation d’enfants, de femmes cesse”, “qu’il n’y ait plus de possibilité de double discours”».

Ou juste avant, ces propos de l'actrice:

«Dans ma situation actuelle – mon confort matériel, la certitude du travail, mon statut social –, je ne peux pas accepter le silence. Et s’il faut que cela me colle à la peau toute ma vie, si ma carrière au cinéma doit s’arrêter après cela, tant pis. Mon engagement militant est d’assumer, de dire “voilà, j’ai vécu cela”, et ce n’est pas parce qu’on est victime qu’on doit porter la honte, qu’on doit accepter l’impunité des bourreaux. On doit leur montrer l’image d’eux qu’ils ne veulent pas voir».

C'est en ce sens que l'on peut réputer Christophe Ruggia honnête “jusqu'à un certain point”, jusqu'au point où il refuse de voir une image de lui en tant que harceleur tout en l'acceptant. Il la refuse puisque, pour citer sa réponse à la journaliste de Mediapart, il

«réfute catégoriquement avoir exercé un harcèlement quelconque ou toute espèce d’attouchement sur cette jeune fille alors mineure»,

mais dans le même mouvement il l'accepte car, écrit la journaliste, c'est «la réponse que nous a transmise Christophe Ruggia, par le truchement de ses avocats Jean-Pierre Versini et Fanny Colin, mercredi 30 octobre». Soit dit en passant, dans sa tournure la réponse donne à croire qu'elle doit quelque chose à ses avocats. Si on en passe par ses avocats dès la première réponse, ça donne idée que pour soi-même on n'est pas si catégoriquement convaincu que ça de ne pas avoir harcelé une mineure. Mais peu importe, en revanche, importe de prendre en compte la perception qu'un tiers peut avoir d'une certaine situation. Comme dit en titre, le harcèlement est dans l'œil de qui le voit, la question n'est donc pas de savoir si harcèlement il y eut mais de constater que dans une certaine interaction une des deux personnes concernées y a vu du harcèlement.

Ce que dit Adèle Haenel m'apparaît de bon sens, «ce n’est pas parce qu’on est victime qu’on doit porter la honte, qu’on doit accepter l’impunité des bourreaux. On doit leur montrer l’image d’eux qu’ils ne veulent pas voir». Bien sûr ces histoires sont complexes, sous un certain aspect il y a une forme de consentement de la part de la personne qui se considère harcelée:

«À l’époque, la fillette, comme ses parents, est sur un petit nuage.“C’était un conte de fées, c’était complètement hallucinant que cela nous tombe dessus”, résume son père, Gert.“Je me sens gonflée d’une importance nouvelle, je vais peut-être faire un film”, écrira la comédienne dans ses carnets personnels, rédigés a posteriori, en 2006, et que Mediapart a pu consulter. Elle y évoque la“nouveauté”, le“rêve”, le“privilège” d’“être seule sur scène, au centre de l’attention de tous ces adultes”, “de sortir du lot”. Sa“passion” du théâtre. Et ses“petites discussions avec Christophe Ruggia, qui la“raccompagnait dans sa voiture”, l’invitait toujours à manger au restaurant”, alors qu’elle avait“eu honte la première fois” parce qu’elle n’avait pas assez d’argent pour payer.
“Pour moi, c’était une sorte de star, avec un côté Dieu descendu sur Terre parce qu’il y avait le cinéma derrière, la puissance et l’amour du jeu”, explique aujourd’hui l’actrice. Sa famille – classes moyennes intellectuelles –,“devient tout d’un coup exceptionnelle”, se souvient-elle.“Et moi je passe du statut d’enfant banal à celui de promesse d’être ‘la future Marilyn Monroe’, selon lui”».

Mais à quoi consent-elle? À être un “objet sexuel”? Apprécier d'«être seule sur scène, au centre de l’attention de tous ces adultes», est une chose, et même, jouer un peu à “faire l'adulte”, reste qu'il s'agit d'une gamine de douze ans et dans l'interaction ce n'est pas à elle, non de faire l'adulte mais de l'être. On dit que c'est l'intention qui compte, souvent c'est au contraire ce qu'on peut nommer l'inintention. Dans le cas discuté je suppose Christophe Ruggia “sans intention”, ici sans intention de harceler, et symétriquement Adèle Haenel est “sans intention”, ici sans intention autre que «de sortir du lot» et de se trouver «au centre de l’attention de tous ces adultes». Après, il y a la question de “l'interprétation des signes”: Adèle Haenel “donne de l'amour”, tout spécialement en direction de son réalisateur, qui, dit-elle, «était une sorte de star, avec un côté Dieu descendu sur Terre parce qu’il y avait le cinéma derrière, la puissance et l’amour du jeu»; ne supposant donc aucune intention de harcèlement de la part de Christophe Ruggia, je peux en revanche lui supposer une erreur d'interprétation quant au type d'amour que lui donne son actrice. La suite, elle figure dans l'article: Adèle Haenel est une gamine, et comme telle se trouve empêtrée dans un processus qui la dépasse. Un passage de l'article est de ce point de vue significatif:

«Pour l’actrice, il est clair qu’“il cherchait à avoir des relations sexuelles avec elle. Elle souligne ne pas se souvenir “quand s’arrêtaient les gestes” du cinéaste, et explique que ses “caresses étaient quelque chose de permanent”. Elle raconte la “peur” qui la “paralysait dans ces moments: “Je ne bougeais pas, il m’en voulait de ne pas consentir, cela déclenchait des crises de sa part à chaque fois”, sur le registre de la “culpabilisation”, affirme-t-elle. “Il partait du principe que c’était une histoire d’amour et qu’elle était réciproque, que je lui devais quelque chose, que j’étais une sacrée garce de ne pas jouer le jeu de cet amour après tout ce qu’il m’avait donné. À chaque fois je savais que ç’allait arriver. Je n’avais pas envie d’y aller, je me sentais vraiment mal, si sale que j’avais envie de mourir. Mais il fallait que j’y aille, je me sentais redevable”».

La question ici est celle du pouvoir, et des positions relatives de ces deux personnes:

«Nos témoins invoquent la posture du “réalisateur tout-puissant” pour expliquer que personne n’ait essayé de s’élever contre son comportement. Les uns racontent avoir eu peur que leur contrat ne soit pas renouvelé ou d’être “blacklistés” dans ce milieu précaire; les autres disent avoir mis son attitude sur le compte du “rapport particulier du metteur en scène avec ses comédiens”, de ses “méthodes de travail” pour “susciter le jeu de ses acteurs”. Et la plupart disent avoir été préoccupés par un tournage qu’ils décrivent comme “difficile”, “harassant”, “avec peu de moyens financiers” et “six jours de travail par semaine”».

Et de même pour son actrice principale, comme elle l'explique, elle se trouvait dans une situation de type “double contrainte” ou double bind:

«Les éléments indispensables pour constituer une situation de double contrainte, telle que nous la concevons, sont les suivants:

  1. Deux personnes ou plus. Pour les besoins de l'exposé, nous en désignerons une comme la «victime». Nous précisons également que, suivant notre hypothèse, la double contrainte n'est pas toujours imposée par la mère seule, mais aussi bien par la mère plus le père et/ou les frères et sœurs.
  2. Une expérience répétée. Nous affirmons que la double contrainte est un thème récurrent dans l'expérience de la «victime». Notre hypothèse prend en considération non pas une expérience traumatique unique, mais une expérience dont la répétitivité fait que la double contrainte revient avec régularité dans la vie de la «victime».
  3. Une injonction négative primaire. Celle-ci peut prendre deux formes:
    «Ne fais pas ceci ou je te punirai»;
    «Si tu ne fais pas ceci, je te punirai».
    Nous avons choisi ici un contexte d'apprentissage fondé plutôt sur l'évitement de la punition que sur la recherche de la récompense. I1 n'y a peut-être aucune raison théorique à ce choix. Nous supposons, néanmoins, que la punition peut signifier la perte de l'amour ou l'expression de la haine et de la colère, ou bien encore – et c'est là chose plus grave – cette sorte d'abandon qui survient lorsque les parents expriment leur profonde impuissance.
  4. Une injonction secondaire, qui contredit la première à un niveau plus abstrait tout en étant, comme elle, renforcée par la punition ou par certains signaux menaçant la survie. Cette injonction secondaire est plus difficile à décrire que la première pour deux raisons: d'abord, parce qu'elle est transmise à l'enfant par des moyens non verbaux. Attitudes, gestes, ton de la voix, actions significatives, implications cachées dans les commentaires verbaux, tous ces moyens peuvent être utilisés pour véhiculer le message plus abstrait. Ensuite, parce que l'injonction secondaire peut se heurter à l'un des éléments de l'interdiction primaire. La verbalisation de l'injonction secondaire pourra ainsi revêtir une grande variété de formes, par exemple: «Ne considère pas ça comme une punition»; «Ne me ressens pas comme l'agent de la punition»; «Ne te soumets pas à mes interdictions»; «Ne pense pas à ce que tu ne dois pas faire»; «Ne doute pas de mon amour, dont l'interdiction première est (ou n'est pas) une preuve», etc. Cette situation connaît des variantes quand la double contrainte est exercée non pas par une personne, mais par deux. Un des parents peut ainsi contredire, à un niveau plus abstrait, les injonctions de l'autre.
  5. Une injonction négative tertiaire, qui interdit à la victime d'échapper à la situation. En principe, il ne serait peut-être pas nécessaire d'isoler cette injonction, puisque le renforcement (par la menace de punition) aux deux niveaux précédents comporte déjà une menace pour la survie et que, si la double contrainte survient durant l'enfance, la fuir est de toute évidence impossible. I1 semble néanmoins que, dans certains cas, fuir la situation soit rendu impossible par des stratagèmes qui ne sont pas entièrement négatifs: promesses d'amour fantasques, etc.» (Gregory Bateson, «Vers une théorie de la schizophrénie», dans Vers une Écologie de l'esprit, tome II, Le Seuil, Paris, 1973).

Dans un article ultérieur Bateson corrige un peu la présentation du phénomène:

«Notre premier exposé de la double contrainte contenait de nombreuses erreurs, dues tout simplement au fait que nous n'avions pas encore examiné, de façon articulée, le problème de la réification. Nous y traitions de la double contrainte comme s'il s'agissait d'une chose et comme si une telle chose pouvait être comptabilisée. C'était là évidemment, pure absurdité.
On ne peut pas compter les chauves-souris dans une tache d'encre, pour la simple raison qu'il n'y en a pas. Mais quelqu'un qui a l'esprit “porté” sur les chauves-souris pourra en “voir” plusieurs.Y a-t-il donc des doubles contraintes dans l'esprit? C'est là une question qui est loin d'être futile. De même qu'il n'y a pas dans l'esprit des cocotiers, mais seulement des perceptions et des transformations de cocotiers, de même, lorsque je perçois (consciemment ou inconsciemment) une double contrainte dans le comportement de mon patron, ce que j'enregistre dans mon esprit n'est pas une double contrainte, mais seulement la perception ou la transformation d'une double contrainte». (op. cit., «La double contrainte, 1969»)

On peut décrire les processus de type “double contrainte” comme des “contextes”, des situations qui favorisent ce type de processus. Typiquement, des contextes où on a un “dominant” et un “dominé”; censément, la personne en position dominante dirige l'interaction, et elle devrait censément établir des rapports non équivoques, “décodables”, avec la personne en position dominée. Quand la personne dominée ne parvient pas à “interpréter les signes”, elle est amenée à mettre en place des tactiques défensives:

«Quand un individu est pris dans une situation de double contrainte, il réagit comme le schizophrène, d'une manière défensive: quand il se trouve dans une situation qui, tout en lui imposant des messages contradictoires, exige qu'il y réponde, et qu'il est donc incapable de commenter les contradictions du message reçu, il réagit, lui aussi, en prenant les métaphores à la lettre.
Un jour, par exemple, un employé de bureau rentre chez lui pendant ses heures de travail. Un collègue lui téléphone et lui demande sur un ton anodin: “Comment se fait-il que tu sois là?” L'employé répond: “Eh bien, je suis venu en voiture.” Il donne là une réponse littérale, parce qu'il a eu affaire à un message qui lui demandait ce qu'il faisait chez lui pendant ses heures de travail, mais en des termes qui masquaient la vraie question. L'interlocuteur a donc employé une métaphore parce qu'il sentait qu'après tout il se mêlait de ce qui ne le regardait pas. La relation en question était assez intense pour que la “victime” s'inquiète de la façon dont le renseignement donné serait utilisé; et, par conséquent, elle a répondu littéralement. C'est là une attitude caractéristique de tout individu qui se sent sur ses gardes, comme le montrent clairement les réponses prudentes et littérales des témoins d'un procès».

Que Christophe Ruggia ait été honnête ou non, qu'il ait créé une situation interprétable comme du harcèlement parce que proprement harceleur ou non, ne change rien au fait que dans cette interaction il ne joue pas son rôle de dominant et envoie des signaux difficilement interprétables par Adèle Haenel qui, dans ce contexte, ne possède pas les codes lui permettant de lever les équivoques. La journaliste rapporte ceci:

«En acceptant le rôle, la comédienne fait immédiatement part à Céline Sciamma de “problèmes” survenus sur son précédent film et se confie pour la première fois. “Elle me dit qu’elle a envie de faire le film, mais qu’elle veut être protégée, car il lui est arrivé quelque chose sur son film précédent, que le metteur en scène ne s’est pas bien comporté, explique la réalisatrice. Elle ne rentre pas dans les détails, elle s’exprime difficilement, mais elle me parle des conséquences que cela a eues, sa solitude, son arrêt du cinéma. Je comprends que je suis dépositaire d’un secret”.
Ce “secret” se dévoile à la fin du tournage de Naissance des pieuvres, auquel participent deux membres de l’équipe des Diables: Christel Baras et Véronique Ruggia, coach des actrices. Céline Sciamma se souvient d’avoir découvert, effarée, que les deux femmes “se demandaient, inquiètes, jusqu’où c’était allé, si Christophe Ruggia avait eu des relations sexuelles avec cette enfant”. “Chacune vivait avec cette question depuis des années, et restait dans le secret et la culpabilité par rapport à cette histoire. Je voyais aussi l’admiration et l’emprise que générait Ruggia, parce que c’est le réalisateur, leur employeur, leur frère, leur ami”. Lors de leur conversation, mi-octobre 2006, Véronique Ruggia se serait “effondrée, très affectée”, affirme la réalisatrice. Elle lui aurait demandé “si Adèle avait dit non”, ajoutant: “On a le droit de tomber amoureux, mais par contre quand on dit non, c’est non”».

N'étant ni un père-la-morale ni quelqu'un de très intéressé par les analyses “psys” (sinon celles psychosociologiques, mais plus pour leur aspect “socio” que “psycho” – on peut dire que la psychosociologie est le nom que l'on donne à l'éthologie quand elle s'applique aux humains), je ne supposerai rien de “ce que pense” Véronique Ruggia, mais je suis intéressé par ce qu'elle dit. En ce cas, elle fait une erreur d'inférence en supposant que l'actrice était en situation “de dire non”. Le contexte explique cette fausse inférence, «quand on dit non c'est non»: on ne choisit pas un enfant-acteur par hasard, il a le plus souvent ou semble avoir des capacités intellectuelles et sensibles “adultes”, ce qui induit la supposition qu'il a une autonomie globale “adulte”, ce qui ne peut être dans le cas d'interactions sociales et personnelles “entre adultes”, celles justement propices aux situations qui peuvent dériver en processus de type harcèlement, d'évidence, une enfant de douze ans ne dispose pas des codes qui lui permettent d'interpréter une interaction “sexuelle” et d'avoir une réponse adaptée, de pouvoir “dire non”. Sous un aspect, et considérant toujours Christophe Ruggia comme “honnête”, on peut dire qu'il fait le même type d'inférence, qu'il perçoit Adèle Haenel “comme une adulte”, et de ce point de vue on peut accepter sa “réfutation catégorique”, sinon en ceci: dans cette interaction il est le dominant et l'adulte réel, et aurait du interpréter l'interaction dans sa réalité, une interaction entre un dominant et un dominé, entre un adulte et un enfant, et non une interaction “entre pairs”, “entre adultes”. C'est précisément ce que lui requiert Adèle Haenel, comme elle le dit, «“ce n’est pas pour brûler Christophe Ruggia” mais pour “remettre le monde dans le bon sens”, pour“que cette exploitation d’enfants, de femmes cesse”, “qu’il n’y ait plus de possibilité de double discours”». Peu importe que Christophe Ruggia ait été consciemment et volontairement harceleur, importe qu'il a créé une situation de type harcèlement, et importe surtout qu'il le comprenne et l'admette, non tant pour elle que pour lui-même, pour que, le cas échéant, il ne répète pas le même processus.


Comme dit en introduction, si vous vous intéressez même vaguement au sujet vous aurez probablement constaté que les “harceleurs” sont toujours dans la dénégation. Parce qu'on ne commet pas le harcèlement, on le subit. Ça n'induit pas qu'il n'y ait de harceleurs conscients, mais eux aussi seront dans la dénégation, mais les situations courantes sont des harcèlements “inconscients” – entre guillemets car on ne peut pas strictement établir inconsciemment un processus de type harcèlement, mais on peut en revanche l'interpréter comme n'étant pas du harcèlement. J'en viens aux cas évoqués dans l'introduction, les interactions que j'ai perçues comme du harcèlement. Ce qui est inexact pour moi, mais pourrait l'être dans d'autres cas. Et dans ces cas comme dans celui plus nettement déterminable comme du harcèlement, l'interaction entre Adèle Haenel et Christophe Ruggia, le harcèlement “est dans l'œil de qui le subit”. Pour le premier des cas qui me concernent, je fais l'hypothèse, sans certitude cependant, que ce “harcèlement” eut une conséquence directe sur ma capacité à contribuer dans le cadre du “Club de Mediapart”, dans le second, que dire? Les torts sont partagés? Une chose de ce genre. On dira que je figure autant comme “harcelé” que “harceleur”.

Il est à comprendre que factuellement les cas qui me concernent n'ont pas le degré de gravité de celui évoqué, «l'affaire Ruggia-Haenel», mais que ça n'est pas intrinsèque, il se trouve que même en position de subordination (comme dans le cadre d'un emploi salarié par exemple) je n'ai pas une mentalité de “dominé” qui m'induirait à interpréter les interactions “contraignantes” en termes de harcèlement, il m'est arrivé deux fois au moins d'être clairement dans une situation effective de harcèlement, l'une étant précisément dans le cadre d'un emploi salarié, vous savez, les méthodes “modernes” de “gestion du personnel” où l'on fait pression sur des employés pour les inciter à démissionner, notamment en les requérant de réaliser des objectifs contradictoires, du genre améliorer ses performances tout en réduisant le temps consacré à chaque tâche permettant de les effectuer. Mais d'un point de vue extrinsèque ces cas peuvent en effet correspondre à un schéma “harcèlement”. Le premier s'est déroulé dans le cadre de ce blog, le second a eu lieu sur cette page de commentaires, ainsi qu'au moyen de messages via le système de messagerie local. La question n'est pas de savoir si c'est du harcèlement mais quelle perception peut en avoir la personne possiblement “harcelée”.

Dans le premier cas, une page de commentaire d'un billet désormais disparu par décision des “modérateurs” de Mediapart s'est trouvée adornée de deux “commentaires” sans grand rapport avec le billet, d'où les guillemets, qui consistaient pour l'essentiel (autant que je m'en souvienne, qui consistaient même seulement en cela) en l'insertion de vidéos glanées sur Youtube, ce qui m'a doublement énervé: j'ai un vieil ordinateur qui peine à afficher ce genre de liens, à quoi s'ajoutait le peu de pertinence de ces inserts. Du coup je sollicite ces contributeurs pour qu'ils suppriment leurs ajouts, ce qui eut bien sûr l'effet inverse, d'une part avec le refus de ma requête, sur le mode «on ne me commande pas ce que je dois faire», de l'autre avec la prolifération d'ajouts de “commentaires” plus ou moins (plutôt moins) bienveillants du même genre que les premiers, donc des inserts de vidéos Youtube supposément drôles. La fin de cette séquence est ceci:


Le pignouf schizoïde a été censuré.
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Et ce n'est pas “manière de dire”: deux de mes billets viennent d'être supprimés et ça n'est pas par moi.
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Le premier billet était d'un intérêt limité mais avait un fil de commentaire assez intéressant dont je regrette la disparition. Le deuxième billet reprenait un commentaire de Jean-Max Sabatier et un autre de BaLoz qui figuraient dans le fil du premier. Le titre de ce billet reprend une expression de Jean-Pax Mafré Jean-Max Sabatier (JMS) à moi destiné, le «pignouf schizoïde» c'est Ma Pomme.
Ledit JMS ayant écrit dans le fil du premier billet que son but en s'acharnant après moi était que je supprime le billet, je ne peux m'empêcher de relier les deux faits. Je me demande si celui-ci aussi sera censuré. Non que ça ait tant d'importance, j'en garde copie et s'il disparaît, et bien, j'en placerai des copies dans des fils de commentaires.
Il m'arrive de le dire, la vérité est ineffaçable.


Il s'agit d'un troisième billet supprimé par les “modérateurs” de Mediapart. Comme on peut le constater, ce billet ne contrevient pas à la “Charte de participation” de Mediapart. Puisqu'il a déjà été censuré, le reproduisant ici je prends le risque d'être une nouvelle fois censuré bien que, pour le redire, il ne contrevienne en rien à la “Charte de participation” et ne justifiait donc pas, ni d'être supprimé, ni de me valoir, juste après, une interdiction de participer au “Club de Mediapart” d'un mois. Comme je le relève, Jean-Max Sabatier avait écrit que son but en s'acharnant après moi était que je supprime le billet où figuraient les inserts de vidéos. La raison pour laquelle je relie les deux faits vient de ce que la suppression de ce billet eut lieu très peu de temps après que je lui aies répondu qu'il n'en était pas question, je ne peux pas dire précisément combien de temps après mais en tout cas moins d'une demi-heure. Pour le second billet, ça prit moins d'un quart d'heure et pour le troisième, celui reproduit ici, moins de cinq minutes, mon interdiction de participer ayant eu lieu dans la foulée. Dans la page de discussion signalée, l'autre intervenant, BaLoz, écrit ceci:

«1 nov. 2019 Par baLoz

  1. Je ne savais pas que tu étais sur le banc pour un mois,
  2. je n'ai rien fait pour ça,
  3. de fait, ton billet de retour m'a surpris et fait plaisir,
  4. d'où mon chaleureux et sincère “Bon retour au cleube”».

J'ai tendance à croire mes semblables même quand ils me démontrent faire de la dissonance cognitive, quand il y a selon toute apparence la «présence simultanée d’éléments contradictoires dans la pensée de l’individu». En ce cas, BaLoz prétend avoir placé un commentaire «chaleureux et sincère» en “oubliant un peu” ce qui précède ce «Bon retour au cleube»:

«31/10/2019 09:00 – Par BaLoz
Les règles sont connus, voir la suspension comme une punition est une erreur, puisque c'est l'occasion de réfléchir à ce qu'on a raté.
Tu ne vas donc évidemment pas refaire la même infraction.
Bon retour au cleube».

En tant que destinataire de ce propos, je ne le trouve pas spécialement chaleureux, et pas si évidemment sincère que ça mais de nouveau, il s'agit ici de mon point de vue. Du fait, je l'ai requis de me démontrer sa chaleur et sa sincérité ainsi:

«03/11/2019 06:15 – Par Olivier Hammam
Puisque tu es une personne sincère et chaleureuse, je t'invite sincèrement et chaleureusement à tenir compte de mon point de vue, et à retirer ce que tu sembles considérer comme sincère et chaleureux et sur lequel j'ai un autre avis. Merci d'avance de te respecter en accédant chaleureusement et sincèrement à ma requête de suppression de ces commentaires».

Dans la page donnée en lien d'où vient ce commentaire j'ai de fait procédé à une sorte de harcèlement, en revenant plusieurs fois (dans plus de vingt commentaires) sur le même objet: inviter BaLoz à retirer les commentaires de la page d'où provient celui qui se conclut par «Bon retour au cleube». Et il y a quelque chose de curieux: ledit BaLoz n'a rien trouvé à dire sur cette question.

Parcourant cette page de commentaire, vous constaterez que plusieurs intervenants semblent partager l'opinion émise par JMS et me percevoir comme un «pignouf schizoïde». Et voilà où intervient la possibilité d'un harcèlement: si JMS a raison, si je suis un “pignouf schizoïde”, disons, si je suis un “malade mental“, la bonne attitude est-elle de relever le fait et de m'en accabler ou, si on s'estime soi-même “dominer la situation”, être les “dominants” dans cette interaction, la logique voudrait, si on suppose réellement que je suis “dérangé dans la tête” ou un truc de ce genre, de ne pas m'accabler. Peu importe que ces aimables contradicteurs croient réellement que j'ai une “maladie mentale”, importe que la chose est de l'ordre du possible. Si mes interlocuteurs, et en tout premier BaLoz, sont réellement les “adultes” de l'interaction, la logique voudrait donc qu'ils tentent de calmer les choses, faisant l'inverse ils prennent ce risque: me déstabiliser au point de me pousser au pire. Va savoir, au suicide?


Le principal problème dans les processus de harcèlement est l'inintention des “harceleurs”, leur absence d'intention, liée à leur absence d'attention. Il se peut que je sois réellement le “dominé” de la situation, et en ce cas la pire chose à faire est de me “rabaisser”, si on est le “dominant”, la réaction “adulte” est au contraire de s'abaisser soi-même, “se mettre au niveau du dominé”. Qu'est-ce que ça coûterait à BaLoz de retirer ses commentaires? Rien. Sinon de se déconsidérer aux yeux de ses pairs, de quitter sa position de “dominant”. La force des “dominants” est la faiblesse des “dominés”, accéder à ma requête serait se mettre à mon niveau, donc dans une position de “dominé”.


Comme dit, dans le cas présent il ne s'agit pas proprement de harcèlement puisque que le harcèlement est dans l'œil du harcelé, mais des “rigolos” qui tournent en dérision un tiers, d'autant plus s'il leur est inconnu, qui le “rabaissent”, prennent toujours le risque de verser dans le “harcèlement sans intention” en l'accablant de leurs sarcasmes et de leur incompréhension. Il m'arrive de désigner ce type de “rigolade” de «plaisanteries de cour de récréation», ce que j'avais d'ailleurs fait dans deux des commentaires dépubliés de la page mise en lien, notamment celui-ci:

«01/11/2019 19:36 – Par Olivier Hammam en réponse au commentaire de BaLoz le 01/11/2019 19:11
VOUS AVEZ DÉPUBLIÉ CE COMMENTAIRE.
Faut m'expliquer, Boloz, je suis censé te trouver amusant et si ce n'est pas le cas je dois être puni de mon manque d'estime pour les plaisanteries de cour d'école ou de garçons de bain? Désolé, c'est pas mon truc de rire avec les clowns sentencieux. Et malveillants.
Pourrais-tu avoir l'amabilité de dépublier tes commentaires oiseux récemment déposés au dos d'un de mes billets? Je ne t'y oblige pas mais ça me ferait grand plaisir de les voir disparaître. Comme je suis bouché et tenace – pour tout dire obtus et même, con – je risque de t'importuner longtemps sur ce point, autant qu'on en reste là, non? De l'autre bord, tout ça m'amuse assez...».

Désolé, chère lectrice, cher lecteur, vous ne pourrez pas le vérifier mais dans l'ensemble mes commentaires dans cette page étaient plutôt raisonnables et argumentés, et tournaient autour de ceci: de mon point de vue les interventions de BaLoz dans cette page de commentaires sont oiseux, et leur auteur, s'il est (comme il l'affirme un peu plus tard) «chaleureux et sincère», devrait tenir compte de mon opinion, non nécessairement pour faire ce que dit mais au moins pour m'expliquer en quoi mon opinion est inexacte. Même sa maladroite tentative de légitimation du commentaire “retour au cleube” est invalidée par ce qui suit, assez méprisant à mon encontre – et assez valorisant à l'encontre de BaLoz, qui dans l'interaction du court extrait vidéo est figuré par le personnage “positif” et “posé”. Ce commentaire est assez représentatif de la représentation que se fait ledit BaLoz de Ma Pomme, une pauvre cloche, un être lamentable et dérisoire, face à une “grande personne”. La question n'est pas de me respecter que, pour lui et comme je le lui écris, de se respecter, de me prouver qu'il est effectivement cette “grande personne” qu'il se prétend être. Pourquoi des “plaisanteries de cour d'école”? Pour deux raisons: comme vous le constaterez dans la page de commentaires de l'article de BaLoz, les références “culturelles” de mes contradicteurs sont le plus souvent puisées dans le fonds d'une culture adolescente ou infantile (mais des vieux adolescents, probablement cinquantenaires ou soixantenaires, vu la majorité de leurs références cinématographiques et musicales); là-dessus, cette incapacité à prendre en compte les requêtes d'un tiers, soit pour en discuter soit pour les accepter, donne idée d'une certaine immaturité, d'une approche “infantile” des interactions sociales.

Je prends ces exemples parce qu'ils sont anodins, ma description ne rend pas compte d'une réalité définie et exacte, je ne suppose pas mes contradicteurs immatures et infantiles, c'est le contexte des deux pages de discussion, celle du billet de blog désormais effacée par décision des “modérateurs” et celle du blog de BaLoz, qui prête à ça, il m'arrive aussi, à l'occasion, de faire des plaisanteries de cour de récréation, je les trouve intéressants parce qu'illustratifs d'un processus, celui  par exemple que représente un groupe comme la “Ligue du LOL”. Comme je le disais dans l'introduction, les “harceleurs” sont toujours dans la dénégation, et autant que je le comprenne, dans leur majorité ils sont sincères. Dans mon exemple il s'agit d'autre chose, une interaction pas spécialement amusante de mon point de vue rapport au fait qu'on se trouvait dans un schéma du genre “seul contre tous”, cela dit j'ai beaucoup fait pour qu'il en soit ainsi – mon commentaire dépublié montre assez, je pense, que je n'ai pas vraiment fait preuve d'amabilité et d'empathie dans cette affaire et ça n'a rien de fortuit ni d'inconscient

, si dans l'épisode initial, celui des commentaires du billet finalement supprimé par les “modérateurs” de Mediapart, j'étais effectivement mécontent de ces inserts de pertinence faible ou nulle, factuellement ce qui m'intéressait beaucoup plus était de tester les capacités de tolérance de “Mediapart”, c'est-à-dire la partie professionnelle des participants du site, à une mise en cause des pratiques, parce que j'avais constaté un déphasage, une “dissonance cognitive”, des suppressions de commentaires notamment, dont on ne pouvait dire qu'ils enfreignaient clairement la “Charte de participation” – clairement ou sombrement peu importe, dont on pouvait dire qu'ils n'enfreignaient pas les règles de participation.

Le thème du billet supprimé était précisément des cas de ce qu'on pouvait considérer comme des censures, certaines pour les contenus, certaines par une simple proximité avec des contenus jugés contrevenir aux règles de participation (ce qui était souvent le cas) mais où les commentaires atteints par simple cause de proximité n'étaient eux-mêmes pas en contravention. J'avais d'ailleurs eu des échanges avec une “modératrice” sur la question, que voici.


19 févr. 2019 Par ×××

Bonjour Olivier,

Je voulais vous écrire hier mais j'ai croulé sous les commentaires à lire...
Sur le billet https://blogs.mediapart.fr/abdellah-ouahhabi/blog/180219/finkelkraut-et-l-etat-francais/ le commentaire de Vingtras a été modéré. Aussi pour maintenir une certaine lisibilité dans le fil j'ai dépublié votre réponse qui, du coup, n'avait plus de sens.

Bonne journée,
×××

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19 févr. 2019 Par Olivier Hammam

Bonjour,

Pas de problème, comme je le relève dans un autre commentaire je précise que je comprends la logique de cette dépublication même si je la trouve incohérente, je parle même de «police de la pensée» mais bon, vous commencez à me connaître, je donne plus dans l'ironie que dans l'accusation. Disons, il y a une logique d'ordre, que dire? Administratif? Mais cette logique pose le problème qu'un commentaire qui ne viole en rien la Charte est tout de même dépublié parce que consécutif à un commentaire qui, possiblement, la viole.

Bien sûr que la dépublication du premier rend en partie invalide le second, cela posé j'ai parcouru beaucoup de fils de discussion ces temps derniers et remarqué que plus d'un commentaire de commentaire lié à un commentaire dépublié n'est lui-même pas dépublié, du fait, je vous invite à réfléchir à cette question: la dépublication de mon commentaire résulte-t-elle d'une possible incohérence ou résulte-t-elle de la présence d'une expression qui a paru problématique en soi, alors qu'elle ne figure que comme mention dans mon propre commentaire?

En toute sympathie.
Olivier Hammam.
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19 févr. 2019 Par ×××

Je vous accorde que la solution n'est pas parfaite.
Comme vous avez pu le constater les fils de commentaires sont parfais illisibles, le système d'affichage actuel favorisant les réponses aux premiers commentaires postés. J'essaie d'appliquer le principe que je vous ai exposé dans mon message précédent, autant que faire se peut je dépublie les réponses qui n'ont plus de sens une fois seules. Certaines réponses contribuent à la discussion et "vivent" ainsi même si le commentaire initial n'est plus visible.

Bien à vous,
×××
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19 févr. 2019 Par Olivier Hammam

Très chère ×××,

J'admire les capacités de rationalisation de mes semblables. J'aimerais avoir ces capacités, ça me simplifierait la vie.

Amicalement.
Olivier Hammam.


Comme indiqué dans mon second message, j'ai remarqué que plus d'un commentaire de commentaire lié à un commentaire dépublié n'est lui-même pas dépublié, j'ai même vu cette chose curieuse, dans une série de commentaires liés, tels commentaires de commentaires de commentaires sont dépubliés, tels ne le sont pas (j'ai d'ailleurs eu droit aux deux, tel de mes commentaires de commentaire dépublié, alors que d'autres ne l'étaient pas, tels qui l'étaient mais non les miens), et ce qu'on peut discerner comme motif dans la décision de suppression ou de maintien de ces commentaires de commentaires n'est pas tant le motif “rationnel” de ma correspondante, «je dépublie les réponses qui n'ont plus de sens une fois seules», car ce sera vrai pour tous les commentaires liés à un commentaire litigieux ou en contravention, mais bien plutôt le contenu même de ces commentaires subsidiaires, ceux supprimés contenant “quelque chose en rapport à la contravention”, en tout premier une critique de ce contenu litigieux.

Le sujet de ce billet étant le “harcèlement”, bien que ne tendant pas à me considérer “harcelé” même quand ça peut apparaître tel, j'ai cherché à créer un contexte favorisant un processus de type harcèlement, en ce cas, publier un billet mettant en avant des processus de censure dans le cadre de Mediapart, un site qui se prévaut du fait de ne pas exercer de censure. Tentative couronnée de succès, puisque que finalement j'ai effectivement été censuré. Comme mentionné, le dernier billet supprimé, «Le pignouf schizoïde a été censuré», n'apparaît pas clairement contrevenir aux règles de participation, ni d'ailleurs les deux autres. Voici l'explication justifiant ma suspension de participation d'un mois:

«Suspension de vos droits à la participation pour une durée d'un mois
Participants : Le Club Mediapart et Olivier Hammam
30 sept. 2019 Par Le Club Mediapart

Bonjour,
A plusieurs reprises, nous avons été conduits à dépublier des billets que vous avez rédigés, au motif du non respect de notre charte de participation, à laquelle vous avez adhéré en vous abonnant à Mediapart.
Aussi nous avons décidé de vous appliquer, en l'absence de changement de comportement de votre part et conformément à la charte, de suspendre vos droits de participation d'un mois.

Cordialement,
Le Club de Mediapart».

Ces billets étant désormais supprimés, difficile de démontrer la chose mais selon moi donc aucun des trois billets supprimés n'était en contravention avec la “Charte de participation” – vous pouvez prendre une autre opinion que la mienne, par exemple auprès de Jean-Max Sabatier et de BaLoz, ou de Denys Laboutière qui commenta aussi le premier billet donc qui l'a probablement lu. Pour le troisième billet vous pouvez former votre propre opinion puisqu'il est cité ici in extenso, tel que publié. Ici comme pour le supposé harcèlement que je dis avoir subi (enfin, je ne le dis pas vraiment, je dis ce cas descriptible comme un processus de type “harcèlement”) la censure est dans mon œil, mais contrairement au pseudo-harcèlement qu'on peut lire (et que je lis) comme une interaction entre pairs où tous les acteurs peuvent faire l'hypothèse que chacun d'entre eux est un “adulte” qui “se la joue”, qui joue au con obtus pour le plaisir, ma description locale de Jean-Max Sabatier et de BaLoz, et de moi-même, ne correspondent à ma perception effective de ces trois-là, comme dit il s'agit avant tout ici de décrire un processus possiblement lisible comme “harcèlement”, tant de JMS et BaLoz que de moi, factuellement il en va, en tout cas pour moi et probablement pour eux, autrement, j'ai par exemple eu d'autres interactions avec Jean-Max qui furent tout autres, comme dans cette page de commentaires.

Ont ne peut objectivement décrire nos interactions comme du “harcèlement” de leur part ou de la mienne du fait du contexte, il n'y a aucun enjeu sérieux ni aucun rapport formel ou réel qu'on peut dire inégalitaire car pour qu'il y ait harcèlement ces deux conditions sont nécessaires, cas du processus entre Adèle Haenel et Christophe Ruggia où il y a un rapport inégalitaire adulte-enfant ou dominant-dominé, cas de la “Ligue du LOL” où il y avait un enjeu sérieux, une situation de concurrence dans laquelle les “harcelés” (le plus souvent, des harcelées) représentaient pour les “harceleurs” des personnes susceptibles de mettre en cause leur position dans un domaine très concurrentiel, celui des entreprises de médias, où les les membres qui occupent les positions hiérarchiques les plus basses sont le plus souvent dans une situation précaire, qui se couple à un statut précaire (piges, CDD...). Pour BaLoz, JMS et moi il n'y a pas cette inégalité et ni pour eux ni pour moi de mise en cause de nos positions dans le contexte “Club de Mediapart”, qui ne représente qu'une activité assez secondaire – pour moi c'est certain, pour eux probable que nos activités dans ce contexte sont une circonstance très marginale dans le contexte plus large de nos activités sociales.
Ça n'empêche bien sûr une possible lecture de la situation comme du harcèlement, pour me répéter le harcèlement est dans l'œil du “harcelé”, que la situation puisse objectivement être vue comme du harcèlement ou non – de fait, pour autant que ce que décrit Adèle Haenel soit exact, ce qui me semble très vraisemblable, il s'agit alors effectivement d'une situation qui ressort de la qualification légale de “harcèlement” avec la circonstance aggravante que le harcelé est mineur et en position subalterne, le harceleur majeur et en position dominante. Comme dit dans ma première description des interactions entre BaLoz, JMS et moi, il se pouvait que je sois effectivement un “pignouf schizoïde” (soit dit en passant, je trouve l'expression assez plaisante et somme toute assez exacte dans le contexte, non que j'aie pu donner l'idée d'avoir une “personnalité clivée”, mais du moins j'avais dans le contexte un “double discours”, donnant l"idée d'une auto-représentation comme “harcelé” couplé à un discours assez agressif et plutôt “harceleur” – et de fait, par mon discours j'étais assez “pignouf”, mais BaLoz et JMS aussi, cela dit), que de mon point de vue il y ait un enjeu majeur et sérieux et que je perçoive l'interaction comme un harcèlement ayant pour but de “mettre ma position en cause” dans le contexte “Club de Mediapart”. Sans qualifier sérieusement ces cas selon les classes “psys” (les catégories définies par les psychiatres, psychanalystes et psychologues) on peut avoir dans des interactions de ce genre une compréhension de la situation de type “paranoïaque”. J'ai eu notamment des interactions formellement assez semblables dans le cadre de Wikipédia, avec la différence que mes contradicteurs, à la fois n'étaient pas de plaisantins et avaient une position dominante dans le contexte de ce site, qu'ils ont ressenti mon discours comme une mise en cause de la structure hiérarchique dans Wikipédia (ce qui était le cas) et comme une mise en péril de leur position hiérarchique (ce qui n'était pas le cas), et du fait le leur position (en gros, celle de modérateurs), qu'ils avaient les moyens de faire ce qu'ont fait les “modérateurs” du “Club de Mediapart”, m'empêcher de participer et censurer certaines de mes interventions. Dans le cas de Wikipédia, de fait j'étais dans la position “harceleur” avec cette faiblesse de n'avoir pas la position à même de me protéger des conséquences de ce “harcèlement” et ce risque de “harceler” des contributeurs qui eux avaient les moyens de me bloquer, avaient une “position hiérarchique” supérieure.

Pour conclure, et bien, il me semble intéressant de se donner les moyens de réfléchir à ce qui peut, par circonstance, apparaître comme du harcèlement, qu'on puisse ou non qualifier objectivement ainsi la circonstance.

Publié sur Mediapart le 8 novembre 2019 à 7h.