C'est un truc simple : si je dénonce la corruption anonymement ma dénonciation n'a aucune valeur — je vous invite à tenter de faire inculper puis condamner un corrupteur sans pouvoir citer la personne qui la dénonce ni apporter d'autres preuves venant d'autres sources pour constater que quand elle est juste la justice ne condamne pas sans preuves, ce n'est que quand la justice même est corrompue qu'elle condamne sans preuves. Deux exemples actuels.
- Des journalistes d'un certain “consortium international de journalistes d'investigation” ont mené une enquête sérieuse sur le commerce de prothèses à usage médical et affirment avec des preuves vérifiables et vérifiées qu'il existe un système corrompu de certification de ces prothèses. Ils ne disent en rien que c'est un système “complotiste” mais constatent qu'il est corrompu, qu'il ne fonctionne pas comme il le devrait. Cela dit, ils constatent aussi que des fabricants de prothèses profitent de cette corruption pour fabriquer et vendre des matériels non évalués qui se révèlent par après dangereux, morbides ou mortifères.
- Les mêmes ont reçu des témoignages de certains agents de ces fabricants qui accusant des médecins et des établissements de n'accepter leurs prothèses que s'ils leurs versent des pots-de-vin — témoignages “sous le sceau du secret”.
En analyse immédiate, le deuxième cas est une diversion, mettre en cause d'autres que soi pour réduire la portée du premier et si possible reporter la responsabilité sur ces autres. Or, le deuxième cas, loin de réduire la responsabilité des délateurs, l'augmente, dénonçant cette supposée corruption ils révèlent d'abord qu'ils sont corruptibles et corrompus ou corrupteurs, puis qu'ils sont prêts à tout pour fourguer leur came, enfin, et cela a été vérifié par le consortium, qu'ils ont mis en place un système de dissimulation de l'argent de la corruption en passant par des “paradis fiscaux”, sans qu'on sache si ce système sert pour payer les pots-de-vin des médecins et leurs établissements ou pour leur propre profit.
L'anonymat corrompt la société bien plus que les pots-de-vin, la diffusion de denrées non évaluées en profitant de la corruption des instruments de certification corrompt bien plus la société que la corruption de ces instruments. Les responsables directs de la corruption sont ceux qui profitent des faiblesses de la société pour affaiblir la société, ceux qui payent pour que leurs produits frelatés soient diffusés dans la société. Conclusion : les seuls et vrais responsables de ces deux affaires, celle vérifiée comme celle invérifiable pour le moment, sont les mêmes, les vendeurs de prothèses frelatées.
Il m'est arrivé de parler de la corruption pour constater que dans une corruption il y a deux acteurs, le corrupteur et le corrompu. Des deux, le pire est le corrupteur puisqu'il est à l'initiative de la corruption. Parmi les multiples noms de la corruption celui qu'utilisent beaucoup de religions, déistes comme théistes, athées comme agnostiques, est la division, les religions chrétiennes et musulmanes notamment la nomment ainsi, le diable ou le satan, qui signifie proprement le diviseur. Et non le divisé. Le responsable du mal en ce monde est le corrupteur, le diviseur, la victime ou le complice du mal est le divisé, le corrompu, l'un et l'autre étant à la fois victime et complice de la corruption, l'un en l'acceptant, l'autre en n'agissant pas contre elle, en sont complices, l'un en recevant la mauvaise part, l'autre en étant spolié de la bonne part, en sont les victimes. Cela dit, le spolié est la victime car il subit la corruption, le corrompu en est le complice car il y consent. Mais l'auteur, le seul auteur de la corruption est le corrupteur.
Un autre cas dans mon actualité est celui de Carlos Ghosn, ci-devant patron de Renault et de Nissan, mis en cause récemment parce que convaincu de corruption, mais en tant que corrompu. Selon toute vraisemblance, la justice nippone va se livrer à des investigations sérieuses non tant pour savoir si le corrompu est corrompu, cela est de l'ordre de l'évidence, mais pour découvrir le vrai responsable, le corrupteur, qui agit toujours dans l'ombre et se croit, de ce fait, protégé des conséquences de son acte. Sans élucider ici le processus, ce que j'ai fait par ailleurs, le but du corrupteur, quand il corrompt, est de tout gagner, la bonne part des victimes de la corruption et la mauvaise part concédée au corrompu — dans notre cas, le corrupteur de Carlos Ghosn comptait à coup sûr, au moment opportun, le mettre en cause, avec pour conséquence de reprendre ce qu'il lui avait concédé. Le corrupteur n'anticipe jamais une chose pourtant inévitable, la société a nécessité à déterminer les responsabilités. Dans un cas de corruption il y a toujours un corrompu et un corrupteur, la seule manière de prouver qu'un corrompu est corrompu est de prouver sa corruption, si preuve est faite le corrupteur sera sanctionné, si preuve n'est pas faite il y aura non-lieu et Carlos Ghosn gardera pour lui la part concédée, car s'il n'y a pas de corrupteur il n'y a pas de corruption.
Je me suis fait dire il y a peu qu'une personne m'ayant lu considérait que je faisais de la “masturbation intellectuelle”. Ce qui n'a guère de sens si on le prend au pied de la lettre, mais qui en a si on considère que pour beaucoup de personnes la masturbation est un parmi les pires actes qu'un humain puisse commettre, le “plaisir solitaire”. Tel que je le comprends, cette personne a dit cela de mes textes parce que j'ai l'habitude d'employer un vocabulaire et une syntaxe “intellectuels”, dit en un sens faux : ce qui est de l'intellect serait censément déconnecté de la réalité. Beaucoup de personnes confondent réalité et matérialité, ce qui paraît ne pas être matériel serait irréel, or la réalité est la rencontre de l'esprit et du corps, de l'idée et de la matière, si personne ne pense la réalité elle n'est rien sinon un corps sans esprit. Ce qui précède cet alinéa est très réel, très déplaisant, et très peu solitaire, je ne l'écris pas pour mon plaisir, qui serait solitaire, mais dans le but de donner des armes à qui ne voit que l'idée ou que la matière, pour les relier, et pour savoir que si on parcourt cette vie en refusant la pensée ou le corps on est comme un mort-vivant, un semblant de vivant, un zombi ou un vampire, un corps sans esprit ou un esprit sans corps.