«Mal nommer les choses ajoute au malheur du monde», aurait dit ou écrit Albert Camus. Comme souvent avec les citations le plus reprises celle-ci est apocrype, en cherchant un peu o trouve le propos exact et son contexte:

«L'idée profonde de Parain est une idée d'honnêteté: la critique du langage ne peut éluder ce fait que nos paroles nous engagent et que nous devons leur être fidèles. Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde. Et justement la grande misère humaine qui a longtemps poursuivi Parain et qui lui a inspiré des accents si émouvants, c'est le mensonge». (extrait de «Sur une philosophie de l’expression», compte rendu de l’ouvrage de Brice Parain, Recherches sur la nature et la fonction du langage, éd. Gallimard, in Poésie 44, n° 17, p. 22, repris de la page https://dicocitations.lemonde.fr/citations/citation-130147.php )

Ces derniers temps je me suis fait reprocher sur un autre site que le mien (à dire vrai, ici on me reproche extrêmement peu, vu qu'il reçoit très peu de visites sinon celles de robots logiciels “bienveillants” ou “malveillants”, et encore moins de commentaires) de “donner des leçons”, cela en mauvaise part: de postuler que ma vérité est celle de tous, et de vouloir convaincre de son universalité ou obliger à le croire. Remarquablement, les personnes qui me le reprochent, en général savent mieux que moi ce que je pense et m'assènent comme Vérité Vraie leur point de vue très ou extrêmement solipsiste. Étant assez équanime je ne le leur reproche pas mais ne manque pas de leur signaler à l'casion leur propre incohérence. Parfois mais rarement avec succès.

Je vous raconte ça, rapport au fait que quand une parole assez juste devient un slogan, elle perd de sa substance, et que sinon toujours, du moins très souvent les versions courantes de ces slogans modifient le propos de l'auteur. Ici,

«Mal nommer les choses ajoute au malheur du monde» et

«Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde»

semblent assez équivalents en lecture non vigilante, mais de la formule camusienne à celle de la vulgate on passe d'un singulier à un pluriel et d'un concret à un abstrait. N'ayant d'autre leçon réelle que de dire faites-vous votre propre opinion, et bien, faites-vous votre propre opinion sur ce qui précède, à l'évidence je ne peux le faire à votre place.

Allez, venons-en au propos de cette discussion. C'est quoi déjà? Je regarde ça.

Bof, rien à dire de plus, faites-vous votre propre opinion.