Affirmer qu'une réalité non effective d'ordre symbolique n'a pas de sens ne fait rien de plus que constater ceci : ce qui n'agit pas sur la réalité ne se déplace pas, ce qui ne se déplace pas ne va pas dans une direction particulière. Un mot a une signification et même, le plus souvent en a plusieurs, parfois irrécouvrables. L'Histoire a une signification et même, le plus souvent plusieurs, toujours irrécouvrables. Là-dessus, ni les mots ni l'Histoire ne se déplacent sur leurs petits (ou grands) pieds ou n'agitent leurs ailes ou leurs nageoires pour aller d'un point A vers un point B. Dès lors, parler de sens des mots ou de sens de l'Histoire c'est parler d'autre chose que des mots ou de l'Histoire. C'est avant tout parler de soi, et souvent aussi parler à d'autres en escomptant en faire des “soi”, des clones, des instruments ou des extensions de soi. Problème, ça fait un moment qu'il en va ainsi, que des tas de gens parlent du sens de l'Histoire, savent d'où elle part, comment et vers où elle va, et où se trouve le point d'arrivée. Un bon moment. Je ne sais pas depuis quand mais je sais ceci, d'aussi longue date que les humains ont inventé l'écriture ils ont noté, sous la forme de contes, de légendes, de mythes ou de chroniques, une Histoire du monde qui a une origine, une direction et une fin. Certes, assez souvent on doit changer de récit, rapport au fait qu'assez souvent le monde change, devient tout autre qu'on ne croyait, donc a une origine autre, et conséquemment une direction et une fin autres. Objectivement, le monde ne change guère mais la connaissance qu'on en a change, ce qui induit ce changement du récit.