J'en parle par ailleurs, j'ai longtemps eu un problème avec ce qui est de l'ordre de, dira-t-on... Justement, que dire ? D'habitude je dis “latéralité” mais ça renvoie vers une petite partie du problème, celle de la détermination des “côtés”, conventionnellement nommés en germano-latin, dialecte “français”, sous-dialecte “français de France”, début XXI° siècle, la gauche et la droite (en son temps on disait plutôt la senestre et la dextre, “la sinistre” et “l'adroite”), mon problème était plutôt de positionnement dans l'espace. Pour “le haut” et “le bas” ça allait, “le bas” c'est le côté où il est facile de rester stable, “le haut” est à l'opposé ; pour “le devant” ou “l'avant” et “le derrière” ou “l'arrière”, comme je suis un humain anatomiquement assez standard et que j'ai de ce fait les yeux placés sur la même moitié de moi et focalisés vers deux points assez proches, “le devant” et par là et “le derrière” à l'opposé. “la gauche” et “la droite” c'est moins évident. En fait, ça n'est pas évident du tout. Bientôt cinquante-neuf ans et je ne comprends toujours pas la différence. Manière de dire, je la comprends mais je ne la vois pas, j'ai beau faire tous les efforts du monde je ne vois pas quelle différence il y a entre ma moitié, euh, d'un côté, et ma moitié d'un côté, je ne peux même pas dire ma moitié “de l'autre côté”, manière de dire aussi, d'évidence je peux le dire puisque je viens de le faire mais je ne comprends pas ce que ça signifie. Je ne vois aucune différence notable, significative, entre mes moitiés latérales, c'est-à-dire les moitiés qui, si on me coupait en deux, seraient très similaires. Si je m'observe je vois certes des petites différences mais si je ne m'observe pas et me contente de me sentir, et bien, je me sens pareil dans une moitié et dans l'autre. Comme je ne passe guère de temps à m'observer, difficile de savoir quelle moitié est telle, quelle moitié telle.
Remarquez, ça n'est pas intrinsèquement un problème. Ni extrinsèquement d'ailleurs. Enfin, ça ne devrait pas l'être. Si on me montre de quel côté il faut aller sans me le dire, je vais du bon côté, si on me dit de quel côté aller sans me le montrer, j'hésite un bref instant, puis je vais du côté indiqué mais plus prudemment, parce que ce qu'on me montre est certain, ce qu'on me dit doit toujours être vérifié.