Depuis longtemps je m'interroge sur mon univers, ou le vôtre – disons, le nôtre : est-il essentiellement plein ou essentiellement vide ? J'avais même trouvé une réponse, et même deux, mais elles sont contradictoires, la première était, un univers essentiellement vide, et bien sûr la seconde, un univers essentiellement plein. Mon univers, le vôtre, le nôtre, est métamorphique (au sens de sujet aux métamorphoses) et ambivalent (tout y a deux valeurs, souvent opposées), donc tout y est interprétable de deux manières. Si l'on considère cet univers sous son aspect compact, “matériel”, il est essentiellement vide, à tous les niveaux (de la particule élémentaire à l'univers entier) ses composants sont séparés et entre eux il y a “du vide”. Bien sûr ils peuvent entrer en contact mais en ce cas ils deviennent autre chose, une chose qui parfois réunit les caractéristiques des deux composants initiaux et quelque chose de plus, de différent et d'absent auparavant, souvent résulte en quelque chose n'ayant apparemment aucun rapport avec les composants initiaux même si, en y regardant de près, on constate qu'une partie du résultat est formé des composants de ces composants, le reste étant devenu autre chose, ayant subi une métamorphose. Exemple quasi-élémentaire, si deux atomes entrent réellement en contact ils fusionnent ou explosent, dans le premier cas il en résulte un atome qui a beaucoup de caractéristiques des deux atomes initiaux plus quelques autres qui n'étaient pas ou en tout cas n'étaient pas effectives, dans le second une partie du résultat est la formation d'atomes nouveaux qui diffèrent des deux initiaux, une autre est la dispersion de certains des composants de ces atomes, une autre est la transformation de certains composants de l'état de matière à celui d'énergie. Ce qui m'amène à l'univers vu comme essentiellement plein. L'univers essentiellement plein l'est, selon la manière de le voir ou de le comprendre, de corpuscules ou d'ondes, sans qu'on puisse proprement déterminer s'il est à la fois ondes et corpuscules ou s'il est tantôt l'un, tantôt l'autre aspect, ou s'il n'est ni l'un ni l'autre aspect et si la perception de l'un ou l'autre aspect n'est pas la conséquence de l'instrument qui permet de l'observer.
L'univers essentiellement plein est un univers électro-magnétique, un “univers de lumière” en ce sens que la frange du phénomène électromagnétique que nous pouvons percevoir consciemment est celle dite des “ondes lumineuses” bien que ce que l'on perçoit ne soit pas ces ondes. Voici comment l'article de Wikipédia décrit la chose :
La lumière est un phénomène physique, un transport d'énergie sans transport de matière. Dans son acception générale de lumière visible, elle est constituée de l'ensemble des ondes électromagnétiques perçues par la vision humaine
Il y a une petite inexactitude dans cette définition, ou plutôt une affirmation dont la validité n'est pas assurée, « un transport d'énergie sans transport de matière ». Disons, un être vivant ne peut constater, ne peut “voir” l'électromagnétisme que sous forme de lumière mais en ce cas il voit de la matière, des photons. Une matière certes ténue et de masse presque nulle. L'article de Wikipédia là-dessus défini le photon comme un « quantum d'énergie associé aux ondes électromagnétiques », ce qui n'est pas inexact mais qui est invérifiable, disons, le concept de “quantum d'énergie” résulte d'un calcul établissant une quantité minimale de “quelque chose” qui avant d'être perçu est probablement de l'énergie “libre” mais une fois perçu est “de la matière”, la preuve du photon est son interaction avec de la matière, laquelle résulte en la conversion de son énergie en matière, et dans l'autre sens l'hypothèse de la conversion de matière en “énergie photonique” est, d'une part que si l'on observe cette transformation on constate que chaque parcelle convertie correspond à un “quantum photonique”, que le “niveau d'énergie” local augmente et que si l'on place un instrument de détection sur la trajectoire probable de ce quantum on intercepte un photon qui est converti en matière. C'est le problème avec “l'énergie”, la seule manière de la prouver est de l'observer avec un instrument constatant sa présence sans pouvoir déterminer sa forme propre, c'est “une onde” parce que son déplacement est ondulatoire, ou avec un instrument constatant sa présence, qui “capte son énergie”, laquelle est instantanément convertie en matière. Bref, l'énergie est une hypothèse indirectement vérifiable et la seule possibilité de l'observer directement permet d'observer de la matière et non de l'énergie.
Nous voici donc en ce point, l'affirmation selon quoi la lumière est “un transport d'énergie sans transport de matière” part de l'hypothèse non vérifiable que “l'énergie” est autre chose que de la matière, celle selon quoi “le photon est un quantum d'énergie” repose sur une autre hypothèse non vérifiable, avant sa conversion en matière le photon est “de l'énergie”. Pour moi, ces hypothèses sont très recevables mais donc, impossibles à prouver, disons, si on les accepte et que l'on fait « comme pour de vrai , et bien, ça marche. C'est un peu comme la “force de gravité” : la théorie einsteinienne de la relativité générale invalide la notion de “force de gravité” mais dans un référentiel newtonien ou galiléen, donc à un niveau local, et bien si l'on agit en considérant que c'est « comme pour de vrai , ça marche mieux que si on accepte l'évidence globale de la théorie einsteinienne, genre, je suis au sommet de la Tour Montparnasse et je saute dans le vide en me disant, la force de gravité “ça n'existe pas”, globalement (au plan de l'univers entier) j'aurai raison, au plan local j'ai toutes chances d'être brutalement rattrapé par les théories certes imparfaites et inexactes mais localement efficaces de Newton et Galilée. À l'opposé, à un niveau quantique, les hypothèses sur le photon sont celles actuellement disponibles les plus cohérentes pour tenter d'élucider le phénomène électromagnétique, mais si on veut faire de la photo, de la radio ou de la télé, ou communiquer via Internet ou via un téléphone, on fera “comme si” l'hypothétique énergie est effectivement “une sorte de matière” et ça marchera très bien.
L'hypothèse de l'univers essentiellement plein n'est pas plus vérifiable que celle des quanta d'énergie mais pas moins consistante, elle part d'un constat indéniable, quel que soit le point de l'univers où l'on se trouve, de l'énergie électromagnétique se convertit en matière, spécialement dans la frange photonique ou lumineuse1. De là on peut en conclure qu'il n'est nul point de l'univers sans la présence de quanta d'énergie électromagnétique assez proches pour être quasi contigus. Donc, un univers essentiellement plein, en théorie “plein d'énergie” sinon que le constat de cette supposée énergie a lieu par sa “conversion” en matière. La question est donc de savoir si la supposée énergie et la supposée matière sont deux êtres différents ou si ce sont deux états d'un même être. Prenons un cas simple – j'aime les cas simples –, celui de l'eau et de ses divers états : à un niveau élémentaire, les molécules de H2O, et bien, quel que soit l'état local de l'eau elles sont constantes, “inchangées” ; selon les conditions locales, spécialement les conditions de température, elles tendront à un certain état, solide en-deçà de 0°C, gazeux au-delà, liquide à cette température ou plus exactement à +0°C, une frange très étroite de température, indiscernablement positive. Cet état liquide est stable à des températures variables mais proches de 0°C dans des condition normales, ordinaires, et s'étend ou se réduit vers le négatif ou le positif selon la pureté de l'eau et les conditions de pression. La question m'intéressant de loin, je sais sans en connaître les détails que, en dessous d'une certaine température l'eau se solidifie de plus en plus rapidement, jusqu'à une rapidité qu'on peut dire instantanée, qu'au-delà d'une certaine température elle se gazéifie de plus en plus rapidement et, passé un niveau de température, instantanément. Quel que soit le cas, jusqu'à un certain niveau les molécules de H2O restent telles, passé ce niveau, en tout cas pour les températures positives mais je suppose que ça doit aussi être le cas pour celles négatives, elles se déstructurent et deviennent autre chose, d'autres molécules ou des atomes libres.
Je n'ignore en rien que ma description est très sommaire et imparfaite mais savez-vous ? Ça n'a aucune importance, les détails ne servent à rien d'autres qu'à préciser les chose sans invalider le principe général, qui est : les molécules de H2O ne changent pas d'état intrinsèquement individuellement mais extrinsèquement collectivement et, selon les contextes, iront vers le solide, le liquide et le gazeux sans que leur structure interne soit modifiée, la différence d'état venant, disons, d'un “niveau d'agitation” moyen et global des molécules de H2O, considérant que dans certaines circonstances on peut avoir un changement brutal de l'état gazeux à l'état solide ou inversement, sans en passer par une phase liquide, ce qui est le cas général. D'une certaine manière l'électromagnétisme est un phénomène du même ordre, à ceci près que, contrairement aux phénomènes chimiques, nous ne disposons pas d'instruments permettant d'observer les changements d'états pour les phénomènes physiques du même type formel que le passage de l'état gazeux à ceux liquide et solide. On fait donc l'hypothèse d'un “état énergétique” sans savoir exactement ce qu'il est. Dans un état ancien du savoir, on faisait aussi l'hypothèse d'une “génération spontanée de l'eau”, avant on a “de l'air”, après on a “de l'eau” entre on a “une condensation de l'air” qu'on ne s'explique pas trop, que l'on constate et sur laquelle on fait des hypothèses de tous ordres, les plus raisonnables supposant que l'eau est présente dans l'air et change d'état mais non de nature, les moins raisonnables parlant d'esprits, de forces de la nature, de génération spontanée, de volonté divine ou autre connerie du genre. Puis vient le moment où à force de raison et d'invention on finit par créer des instruments qui permettent de comprendre et d'étudier les phénomènes chimiques, puis de les produire, et dès lors on peut se passer des pseudo-explications à la con, “la main invisible du génie des airs”, ou des eaux, ou “la volonté divine”, ou “les Opérations Magiques du Petit Lutin Vert”.
Il est à comprendre que les explications du type “main invisible”, “volonté” ou “Opérations Magiques”, et les opérateurs “génie des airs”, “divinité” ou “Petit Lutin Vert”, ne sont pas à négliger, dans certains contextes ils ont leur intérêt. Disons, même si je ne sais pas la raison qui fait que l'eau liquide se transforme en solide ou en gaz, “le génie des airs”, “la divinité” ou “le Petit Lutin Vert” ont au moins la vertu de rejeter la question de la cause effective en-dehors de la réalité observable et de ne plus s'en soucier, pour se limiter à l'étude des conditions concrètes de réalisation du phénomène, par exemple les conditions locales de pression et de température, pour les changements d'état de l'eau. On peut même faire l'hypothèse qui apparaît aberrante a posteriori, une fois qu'on a une explication rationnelle du phénomène, de “la main invisible” ou de “la génération spontanée”, dès lors qu'on a conscience que ce n'est qu'une fiction, un moyen de décrire de manière synthétique les conditions effectives de réalisation du phénomène. Le problème est qu'avec le temps les fictions deviennent des réalités, la “génération spontanée” non un moyen conventionnel pour déterminer des conditions de réalisation mais un fait supposément réel.
Mes hypothèses de l'univers “essentiellement plein” ET “essentiellement vide” ne sont pas des faits, par contre est un fait que selon la manière d'observer cet univers il apparaît à la fois essentiellement plein et essentiellement vide, ce qui est une impossibilité. D'où l'hypothèse la plus consistante : de manière effective différente mais de manière formelle similaire, ce qui au plan de la physique apparaît actuellement “de l'énergie” ou “de la matière“ ou “des ondes”, à l'instar des trois états de l'eau, est trois états d'un même objet individuel réalisé collectivement sous trois formes différentes. La question n'est donc pas tant de savoir quelle est la cause effective, “la nature”, “le génie des airs”, “la divinité” ou “le Petit Lutin Vert” ou que sais-je, disons, “le Grand Tout”, la seule cause effective envisageable et la concordance en un lieu et un temps précis des conditions de réalisation de l'un des trois états, mais de savoir quels sont les instruments à même de déterminer quelle est, disons, “la nature fondamentale de la particule élémentaire de la physique”, et ceux à même de procéder artificiellement, de manière constante, répétée et autant que possible non explosive ou très modérément explosive, avec une dépense minime d'énergie (qui est l'état de cette particule élémentaire le plus disponible dans l'univers), aux changements d'états.
Je n'ai pas de réponse ni de recette, ce dont je parle ici est un processus général : une fois qu'on a réduit les explications d'un processus à un nombre restreint d'explications raisonnables, et bien il faut en déduire la chose nécessaire, ici, on a trois états avérés, énergie, onde et matière, la certitude que ce sont trois apparences d'un même objet, le moyen pas très efficace mais très certain d'opérer les transformations d'un état à un autre, reste à réaliser en physique ce qu'on a réalisé en chimie : comprendre les relations entre les particules, pour les réduire ou les produire à coût énergétique réduite et avec une sécurité accrue. Pour faire un peu de politique, les réacteurs nucléaire de type EPR sont une impasse technologique puisqu'ils visent à faire “en plus gros” ce qui s'est déjà révélé une impasse. La question n'est donc pas de faire “en mieux” ce qui est inefficace, tout ce qu'on à quoi on peut parvenir en ce cas est “une meilleure inefficacité”, mais de faire autrement. Pour ça, et bien c'est la méthode Gébé dans L'An 01 qui vaut : on arrête tout, on réfléchit, et c'est pas triste. Pour faire plus sérieux mais c'est la même chose, le mieux est de cesser de vouloir améliorer l'existant s'il est inefficace, donc de faire une pause, de réfléchir à une meilleure organisation des activités sociales et humaines, et d'arriver par cette voie, dans un temps indéterminé mais à coup sûr assez bref, disons, entre vingt ans et un siècle pour le plus probable, au pire deux siècles, au mieux deux ou trois ans, à faire la même chose en mieux, à moindres coûts (notamment énergétique) et avec une meilleure productivité.
Le “notamment énergétique” entre parenthèses pour les moindres coûts est un truisme : un coût, quel qu'il soit en apparence, est in fine un coût énergétique. Si la compréhension de ce que peut être “l'énergie” ou “la force” ou “la puissance” a évolué au cours des temps, et bien, sans cette énergie ou force ou puissance, pas de vie, donc toute action vitale, ou humaine, ou sociale a un “coût énergétique”. Les solutions qui induisent une augmentation de ce coût sans augmentation et même, avec réduction de l'efficacité, est mortifère à terme pour la société, ou ses membres, ou la vie en général. L'arrêt des processus actuels de production d'énergie où la dépense excède le gain est donc une nécessité vitale. À considérer qu la vie est un phénomène très résiliant, peu importe que les humains comprennent et acceptent qu'une société basée sur un fonctionnement qui dépense plus de “puissance” qu'il n'en produit est nécessairement vouée à la disparition, par manque de ressources ou par emballement, ce qui est certain n'est pas évitable. La seule question qui vaut est simplement celle-là, est-ce qu'on arrête par choix ou par nécessité ? Dans le second cas, ça sera triste.
La question de cette page n'est bien sûr pas de savoir si ma conception de l'univers comme à la fois essentiellement plein et vide est vraie ou valide, je n'ai pas idée de ce que peut être le vrai et la vérité au-delà de mon environnement immédiat, pour dire les choses très simplement, pour moi une version très inexacte de la réalité du type “la Terre est plate et le Soleil tourne autour d'elle” me suffit pour la vie de tous les jours, le matin le Soleil se lève à l'est, le soir il se couche à l'ouest, il jaillit de l'horizon et y replonge, et par le fait ce qui m'entoure est plat, très plat, au centre de la Beauce ou en bord de mer, je perçois une petite courbure mais peu significative. Disons, je sais que la Terre n'est pas vraiment plate par le fait que, partant de Chartres pour aller vers Orléans, vient un moment où Chartres “passe sous la ligne d'horizon” et un autre où Orléans passe au-dessus mais bon, au quotidien ça ne change pas grand chose, que je me représente la Terre comme un disque, ou comme une tortue, ou comme une sphère, n'a aucune incidence sur ma capacité d'action ici et maintenant. Au jour le jour, je conditionne mes actions à la confiance que je peux avoir sur la régularité du mouvement apparent du soleil et sur la stabilité de la portion de la Terre qui me concerne directement, à moyen terme j'anticipe à la mesure de ce que je peux prévoir, entre autres que les semaines durent sept jours, les mois environ trente jours, les saisons trois mois (dans ma latitude) et une année douze mois, que sans préjuger de variations peu prévisibles ou plus courantes, en gros il fait plutôt chaud en été et froid en hiver, que l'ensoleillement est plus important en été qu'en hiver, de ce fait je peux planifier bien des choses qui en tiennent compte, entre autres mes plantations de divers ordres, si nécessaire l'achat de vêtements adaptés à la saison, etc.
Clairement, on peut avoir n'importe quelle théorie sur l'univers, ses débuts, sa fin possible ou probable, que la source en est le Dessein intelligent ou le Petit Lutin Vert ou le Verseau ou La Main Invisible du Génie de la Nature ou ce qu'on veut que ça ne change pas grand chose à la réalité réelle, qu'on ne peut connaître et, si possible, un peu diriger à son niveau, de manière limitée et avec un impact extrêmement réduit, qu'en l'observant ici et maintenant. La question n'est donc pas celle des Fins Dernières, mais de la fin de la semaine, du mois, de l'année et de sa propre vie, et celle de ses enfants, et des enfants de ses enfants, et toute la suite. Pour moi c'est simple, si on n'est même pas capable de se limiter chez soi dans l'œuvre actuelle de dérégulation de la société et de son environnement, les supposés “gens de pouvoir” n'y pourront rien, il ne peuvent pas agir à la place de tous, il peuvent seulement favoriser la coopération de tous.
Désolé, je ne sais plus pourquoi ce titre, « Discontinuités et déplacements », ça doit avoir un sens mais lequel ? J'ai confiance en mes lectrices et lecteurs qui en trouveront un, c'est sûr, l'auteur du sens d'un texte n'étant pas son rédacteur mais son lecteur...