D'une part, comme dit dans nombre de textes de ce site les mots n'ont pas de sens très stable, d'où la nécessité de définir ses termes, de l'autre, comme dit là aussi dans bien des pages je ne crois pas aux complots mais je les constate. En revanche je crois à la conspiration car c'est une nécessité vitale d'y croire, et d'y adhérer.

Pour moi et dans les trois plus récentes parties de ce site, celle-ci, celle nommée « Machins » , ou « Nouveau !!! », et celle nommée « Trucs » , ou « Élucubrations », ou « Ce siècle sera celui de Cléopâtre » – mais ça fait un certain temps que je fais cette distinction, même si moins nettement formalisée –, la conspiration, cependant plurielle dans la diversité de ses réalisations, est ce constat, l'ensemble du vivant « respire d'une même respiration », tenant compte de ce que les vivants respirant depuis le plus longtemps respirent mieux que les plus récemment venus – dit autrement, les plus anciens vivants, les bactéries et les virus, ont vu passer bien des générations d'espèces plus complexes qui firent un petit tour et puis s'en va. De ce point de vue, conspirer est le simple fait de s'accorder avec tous les autres vivants pour un profit mutuel et réciproque. Bien sûr il ne s'agit pas de prétendre que tout le monde s'aime et que nul n'agit contre nul autre, ce que l'on peut nommer harmonie universelle n'a rien à voir avec ça, c'est plutôt quelque chose comme la non-violence, assez différente du pacifisme : croire ou imaginer que la paix universelle est possible et souhaitable est une vue de l'esprit, au mieux peut-on souhaiter, et même, espérer la paix perpétuelle entre les humains telle que l'envisagea en son temps Emmanuel Kant, pour le reste on doit plutôt envisager de, comme on dit de ce temps, “réduire notre empreinte écologique”, nous autres humains. Ce qui ne nous est pas aisé.

Comme discuté ailleurs dans ces pages les humains sont, disent certains paléo-anthropologues désormais, des super-prédateurs, mais ils le sont au-delà même de ce qu'en disent ces chercheurs : prédateurs de tout, du vivant et du non-vivant, de l'espace et du temps, et prédateurs de leur propre espèce bien sûr. Ils peuvent aussi être, en sens inverse mais sous condition, protecteurs de tout. Conspirer revient à favoriser cet aspect de protection, non par je ne sais quel amour universel mais par souci, par amour de soi : protéger ce qu'on nomme de ce temps son environnement est se protéger, favoriser une certaine harmonie entre soi et le monde est favoriser son être et sa vie à long terme. Les complots sont l'inverse, ce sont les projets, individuels ou collectifs, qui accentuent les penchants prédateurs de l'espèce. Le pacifisme perpétuel consiste à créer les conditions permettant aux individus, aux groupes, aux sociétés et in fine à l'espèce de se perpétuer, le pacifisme universel vise à “imposer sa paix” à tout, à limiter tout ce qui n'est soi dans le but de sa propre expansion. Le pacifisme universel a pour devise « Qui veut la paix prépare la guerre » et pour principe que la fin justifie les moyens, alors que les moyens n'ont d'autre fin que celle qu'ils permettent. Qui prépare la guerre ne veut pas nécessairement la guerre mais on ne peut impunément inventer un moyen.