Les médias... Il y en a de trois sortes, en pair à pair, en réseau et en toile. La réalité ne se divisant pas il n'y en a que d'une sorte, en réseau, la différence se faisant dans l'usage bien plus que dans la forme. Bien sûr, on peut artificieusement brider un médium pour qu'il ne soit accessible qu'en pair à pair ou en toile, ou on doit parfois, pour un temps, n'utiliser qu'une de ces possibilités par manque d'infrastructures réticulaires. Considérez par exemple les systèmes actuels de communication à distance, de télécommunication : ils sont factuellement intégrés et fonctionnent en réseau, une partie du flux d'informations qui le parcourt est en pair à pair, une autre en toile, une autre en réseau, mais dans les trois cas leur circulation s'effectue en réseau.

Je l'explique ailleurs et de manière argumentée, une société est un être vivant et en tant que tel hérite des caractéristiques de ses membres : dans une société de polypes chaque membre n'a aucune autonomie et l'ensemble fonctionne proprement comme un seul individu, dans une société d'insectes les membres ont une autonomie faible largement conditionnée par l'inné, et ainsi pour chaque phylum et pour chaque embranchement, plus les membres de la société sont organisés et autonomes, plus elle sera organisée et plus ses membres seront autonomes. Dans le cas des humains, leur part de conditionnement inné est très faible, de ce fait l'essentiel de leur conditionnement sera acquis entre un peu avant leur naissance et pour la part la plus importante jusqu'à leurs cinq à sept ans avec un pic lors des deux premières années. On peut d'une certaine manière, à la fois effective et symbolique, qu'un humain naît plusieurs fois, au moins une fois et au plus, et bien, au plus... Il n'y a pas de limite en nombre de “naissances” autre que la durée de vie des individus mais dans l'ensemble un humain naît au moins trois fois, assez souvent quatre à sept fois.

De fait un humain ne naît qu'une fois, le jour de sa conception, les autres “naissances” sont des étapes dans son évolution comme être vivant puis comme être social. Idéalement, tout humain devrait naître au moins quatre fois, la première comme être vivant, la deuxième comme être social, la troisième comme être humain social, la quatrième comme être humain. Pour diverses raisons les humains généalogiques ne franchissent pas toutes ces étapes. Il y a toujours quelques “ratés”, des individus qui, à la naissance (après parturition) n'ont pas les caractéristiques nécessaires pour acquérir les conditionnements de base leur permettant de devenir des êtres sociaux, en gros, ils resteront toute leur vie tels qu'à leur naissance sinon en dimensions et en poids, des “nouveaux-nés” définitifs. Au-delà, et sans considérer les “accidents de la vie” qui peuvent faire perdre à un individu tout ou partie des ses conditionnements (maladie, dysfonctionnement, accident proprement dit), du fait même que la majeure partie de ces conditionnements est acquise on ne peut jamais être certain que, soit pour des causes organiques et fonctionnelles, soit pour des causes externes, chaque individu réalise les trois “renaissances” nécessaire à un faire un être humain ou comme je dis aussi, un humain accompli. Les cas qui m'intéresseront ici sont ceux où la cause est externe et volontaire, où les “éducateurs” des humains en devenir, soit ne font pas ce qu'il faut pour y parvenir, soit font ce qu'il faut pour ne pas y parvenir.

Miséducations accidentelles, volontaires et provoquées.

Quel impair ! Non seulement je crée un néologisme mais j'y ajoute le fait de mélanger des éléments tirés des fonds germanique et latin, ce que l'Académie réprouve. Perso je m'en fiche, comme le stock disponible en français de racines et d'affixes vient de toutes les langues du monde et qu'ils coexistent aimablement dans les mots, les phrases et les textes, ça me va bien. La “miséducation”. L'affixe — en général préfixe — “mis” indique, dit le Wiktionnaire, « que l'action a été faite de travers ou mal à propos », la question étant alors, erreur accidentelle ou intentionnelle ? Et si intention, directe (volontaire) ou indirecte (provoquée) ? Non que celle indirecte ne soit volontaire mais elle ne vise pas une personne particulière, on diffuse de mauvais conseils en espérant que des personnes les acceptent pour bons. Les miséducations accidentelles m'intéressent peu bien qu'elles ne soient pas si rares, leur faible avantage ou leur moindre inconvénient vient de ce que ces miséducateurs font “de leur mieux” mais que leur niveau de “mieux” est très bas, bref, ils font de travers mais non mal à propos et l'on peut même dire que dans un certain contexte ça peut être bien à propos — je connais plus d'un milieu où la socialisation que le groupe estime “normale” est très écartée de celle considérée correcte par la société, comme très souvent ce sont des groupes assez à l'écart de la société ça ne pose guère de problèmes à la société si du moins ça peut en poser aux membres du groupe. D'une certaine manière, toujours du point de vue de la société la miséducation volontaire est la pire mais non la plus problématique, le cas est celui d'individus ou de groupes qui ont une assez bonne insertion sociale mais qui éduquent sciemment contre la société. C'est la pire parce qu'elle est réalisée par des personnes qui veulent faire mal ou faire le mal, qui veulent détruire ou corrompre intentionnellement la société. Elle peut avoir parfois des conséquences sociales néfastes mais très localisées dans l'espace ou/et dans le temps, pour la simple raison qu'un individu miséduqué de cette manière est assez souvent repérable donc peu dangereux. Celle la pire pour la société est celle provoquée.

Provoquer la discorde.

Je ne reviendrai pas ici sur la constitution de groupes “dissidents” à visée “complotiste” dans toute société large, c'est largement discuté par ailleurs et en outre, de la plus grande évidence. Pour être clair, les partisans d'un projet idéologique considèrent ou prétendent considérer que leur projet est le plus favorable à la société et partant de ce point de vue, vont agir pour lui imposer leur projet, c'est la chose la plus ordinaire, tel groupe “de droite” veut une société “de droite” et travaille pour ça, de même mais à l'opposé pour tel groupe “de gauche”, tel groupe “socialiste” promouvra un projet “socialiste”, tel groupe “libéral” (au sens du libéralisme économique) un projet “libéral”, etc. J'englobe dans les idéologies toute opinion s'appuyant sur un ensemble de préceptes intangibles relevant de la croyance, ce qui inclut les groupes religieux ou anti-religieux, les corporations, les groupes de pression (lobbies, ONG, syndicats...) et tout type d'association qui cherche à orienter le projet d'une société dans un sens qui lui soit favorable.

Beaucoup de groupes idéologiques agissent ouvertement et dans le respect des règles sociales mais ils ne le font pas tous et même dans ceux qui respectent les règles il y a souvent des sous-groupes ou des individus qui les enfreignent, et enfreignent donc les règles de leurs propres groupes : combien de personnes se trouvent chaque année, chaque mois, chaque jour, dans le cas des “abus de biens sociaux” et des “détournements de fonds” ? Les premières victimes des “anti-règles” sont souvent, sont toujours leurs proches.