L'adelphie est le fait pour des pairs d'être nés de la même mère. Dans mon cas cette mère est paradoxale puisque c'est la “mère patrie”, donc à la fois mère et père. On devrait peut-être parler de matrie. De l'autre bord ça ne me déplaît pas, cette idée d'un parent qui soit à la fois mère et père. Dans la devise de la France on parle de fraternité mais c'est dépassé, au moins depuis 1944 mais je daterais plutôt ça de quinze à vingt ans avant, disons qu'en 1944 l'étape formelle décisive fut accomplie avec l'établissement du véritable suffrage universel. Une longue bataille d'environ un siècle et demi avec ses allers et retours, y compris des périodes où le suffrage fut aboli, et avec de longues périodes de suffrage censitaire. Quand une évolution ou une révolution a lieu, ses initiateurs ont tendance à se méfier de ce qui n'est pas eux, et ses opposants à réduire ou annuler sa portée. C'est ainsi.
Mon pays c'est la France. Une terre de tolérance de longue date. Un creuset. Guère de mérites à ça, sa situation et sa géographie l'induisent à cela. Beaucoup de ce qui constitue l'actuelle mondialisation a pour source la France, terre d'accueil. Toute terre est terre d'accueil, certaines le sont plus que d'autres. Comme l'on dit, les conseilleurs ne sont pas les payeurs, plus d'une fois — et ces temps sont une de ces fois — cette terre oublia l'accueil mais ça ne peut pas durer, trop de frontières sur trop de pays et trop de mers pour que ce soit tenable. Je modère mon propos antérieur, la France est à la fois source et réceptacle, et n'est qu'une parmi d'autres zones de ce genre. La situation et la géographie expliquent pourquoi elles constituent des creusets, ce qui ne doit pas conduire à une “théorie des climats” trop stricte, précisément parce que ces zones sont des lieux de brassage et accueillent “tous les climats”, et selon d'où vient le vent principal, évoluent de bien des manières. La France et plus largement toutes les zones qui font interface le long de frontières naturelles, montagnes ou mers, déserts ou forêts denses.
La France actuelle a sa source dans la “première guerre de cent ans”, seule la seconde porte ce nom mais il y en eut bien deux, et les deux virent s'opposer les mêmes acteurs principaux, les Capétiens et les Plantagenêt. Ne pas trop s'attacher à ces noms, au début ce sont avant tout les représentants de deux groupes opposés qui trouvent des alliances diverses et assez changeantes. Je ne discuterai pas ici l'évolution longue qui conduit à un certain contexte découlant de la consolidation d'un nouveau système politique, celui étiqueté “féodalité” qui malgré ce nom n'eut pas une structuration uniforme, mutatis mutandis ce fut un système assez comparable à la situation de la Communauté européenne dans sa phase la plus politique, juste avant sa transformation en Union européenne, des entités politiques culturellement proches mais assez diversement organisées censées vivre en bonne intelligence dans un cadre politique formel assez lâche : quel rapport structurel entre l'Empire germanique et les zones en cours de structuration plus à l'ouest, au nord et au sud ? Et quel rapport entre l'Italie, la France et l'Angleterre des XII° à XV° siècles ? Outre qu'elles