Enfin non, pas exactement ce monde, mais quelque chose d'approchant. La différence entre notre monde et celui de la petite introduction est que personne n'a découvert le moyen de la Vie Éternelle — enfin, je crois et même j'en suis certain, l'évocation de la Vie Éternelle est ici un moyen pour attirer l'attention. Le véritable secret est celui du Pouvoir de la Parole, qui forme le sujet principal de cette partie du site — qui forme le sujet implicite ou explicite d'une bonne part des textes les plus récents de ce site.

Excursus : les imbéciles et les idiots.

La seule manière de devenir humain est de s'aider d'un bâton, un humain généalogique ne peut devenir un humain social ou un humain accompli que de cette manière. Ce qui sépare l'humain simplement social de l'humain accompli est la conscience du fait. Les uns, on les nommera des idiots, les autres des imbéciles. L'idiot est celui qui fait sans savoir ou sait sans faire, l'imbécile celui qui sait et qui fait. Dans une autre typologie je nomme les deux sortes d'idiots les Cons et les Salauds, et depuis peu les imbéciles des dilettantes.

Un imbécile, étymologiquement, est un “sans bâton”, l'humain dans sa nudité native. Pour le devenir et le rester, un humain accompli doit savoir et garder présent en son esprit que sans bâton un humain n'est au mieux qu'un singe nu et faible. Vous connaissez j'espère l'énigme que la sphinge pose à Œdipe, « Quel être a quatre pattes le matin, deux le midi et trois le soir ? ». Dans cette légende, Œdipe est censément “au midi de sa vie”, or toutes les représentations antiques et la majorité de celles ultérieures montrent Œdipe un bâton à la main. C'est que, seuls ceux qui s'aident d'un bâton pour progresser ont la capacité de répondre. On peut qualifier Œdipe de “jeune vieux” ou de “vieux jeune”, au milieu du chemin de sa vie il est encore l'être du matin et déjà l'être du soir.

Un idiot ne peut donner cette réponse sauf si on lui dit que c'est la réponse.