Je conseille la lecture de la page Internet http://alirachedi.net/?page_id=519 pour se faire une idée de la manière dont une langue “de civilisation” et une langue “de culture” peuvent apparaître, se développer, se diversifier et s'étioler, parfois mourir, sinon qu'une langue écrite ne meurt jamais vraiment. La langue de civilisation, dans cette page, est l'arabe classique, celle de culture l'araméen dans ses diverses déclinaisons. Bien que ce ne soit pas aussi tranché, on peut dire en gros qu'une langue de civilisation a pour base une langue artificielle, une langue de culture partant d'une langue naturelle. On peut aussi parler de langue de conquête et de langue de commerce, de langue qui divise et de langue qui unit. Dans le contexte « européen » les langues qui fonctionnèrent assez semblablement et là aussi sur une très longue durée sont le grec comme langue de culture, le latin comme langue de civilisation, tout aussi semblablement la langue de culture précède celle de civilisation, qui en un second temps la supplante, puis celle de culture revient au premier plan puis passe au second rang de nouveau pour ne plus être productive. À l'instar de l'araméen plus à l'est et un peu plus tôt, le grec ne produira plus de textes significatifs après le milieu du XV° siècle et la chute de l'Empire romain d'Orient, alors que le latin restera très productif jusqu'à la toute fin du XIX° siècle et encore assez même si de moins en moins dans les deux ou trois premières décennies du XX° siècle. On peut aussi prédire un avenir comparable à l'arabe classique qu'à celui du latin : alors que l'araméen et le grec continuent d'être des langues d'usage local bien après la fin de leur grande époque, quand le latin ne fut plus la langue des élites il a disparu de l'usage, sinon chez quelques milliers de lettrés très dispersés, et il en ira de même de l'arabe classique.
L'article de Jana Tamer l'explique assez clairement, l'arabe classique fut toujours parlé et écrit que par une population limitée et dès son origine fut une langue ésotérique, une langue qui requiert une exégèse pour être accessible, de même pour le latin, alors que l'araméen, et de même le grec, furent des langues pratiquées par tous. D'ailleurs il en va pour les langues dites latines comme il en va des arabes dits dialectaux, elles n'ont qu'un rapport distant au latin, doivent beaucoup au substrat, aux langues locales, et plus ces langues sont distantes, moins l'intercompréhension est possible. On a pris l'habitude de séparer, en Europe, les langues “latines” et “germaniques”, alors qu'une analyse objective montre une continuité dans cet ensemble : leur évolution morphosyntaxique est très similaire, leur vocabulaire commun prédominant, en revanche plus on s'éloigne de la métropole – de Rome –, plus l'articulation diverge de celle “latine”. Clairement, si on fait l'effort de lire une langue européenne qui ne soit pas un des rares vestiges de langues anciennes, “pré-latines” et pour certaines mêmes “pré-indo-européennes” ou “péri-indo-européennes” (basque, gaélique, magyar, finnois...), on peut en comprendre une part significative, et même dans les cas de “faux-amis”, comme par exemple « eventually » qui signifie « ultérieurement », on identifie cependant une base latine commune avec « éventuellement » ; en revanche, d'un point de vue phonétique il y a de grandes différences, et dans les langues “germaniques” les mots que l'on dira grammaticaux (conjonctions, articles, pronoms...) sont moindrement dérivés du latin que dans les langues “latines”. Cela dit, même les langues latines ne dérivent pas du latin, du moins pas du latin classique, mais de deux sources, les latins vulgaire (c.-à-d. du peuple) et argotique (surtout langues de métier, des populations marginales et des militaires).
Arabe classique et latin classique ne sont pas proprement les langues de l'élite mais plutôt celles du pouvoir. De fait, une bonne part des élites les plus éminentes ne parlent pas ou, pour le latin, ne parlaient pas ces langues ni ne les écrivent, ne les écrivaient. Pour me simplifier la rédaction je parlerai au présent pour décrire la situation générale, réservant le passé pour les parties proprement historiques, de toute manière l'arabe classique est en cette année 2018 une langue à-peu-près aussi morte que le latin, on peut parler de trois langues, plutôt que deux comme le propose Jana Tamer, la situation ressemblant plutôt à celle européenne d'il y a quelques siècles, avec des langues vernaculaires sans grand rapport à l'arabe sinon le vocabulaire et d'autant plus divergentes qu'elles sont périphériques, une langue pratiquée par des élites intermédiaires, des “lettrés”, formellement plus proche de l'arabe classique, une sorte de “globish” version sémite avec des moindres variations locales que les langues vernaculaires, et l'arabe classique réservé aux universitaires et chercheurs et à quelques “happy few” qui aiment faire de l'exégèse ou qui aiment frimer. Il y a certes beaucoup de musulmans qui connaissent le Coran par cœur mais la plupart d'entre eux sont très semblables aux catholiques d'avant Vatican II et à tous les chrétiens européens d'avant la Réforme qui connaissaient par cœur le missel en latin sans en comprendre un traître mot.
Les langues du pouvoir en ce sens que les vrais puissants n'ont pas nécessité à les parler ou les lire mais bâtissent leur pouvoir sur le monopole de ces langues. Mais comme dit plus haut l'opposition “langues de culture” et “langues de civilisation” n'est pas si tranchée, et pas si simple, leurs trajectoires se croisent, le temps passant les langues de pouvoir diffusent et se divisent puis perdent leur puissance, en sens inverse les langues vernaculaires vont se diviser mais verticalement, en langues “basse” ou vulgaire, “moyenne” et “élevée”. Et tout un tas de “dialectes” et “sociolectes” plus ou moins écartés de la langue commune. C'est le cas de toute langue vernaculaire qui acquiert un statut intermédiaire, un peu plus que de culture mais un peu moins que de civilisation, cas, un peu anciennement, du français, du russe, cas pour notre temps de l'anglais et à moindre degré de l'espagnol et du portugais, qui restent des grandes langues de culture mais moindrement de civilisation, pour acquérir ce statut il faut une certaine unité culturelle alliée à une unité politique, sociale, économique plus ou moins forte mais indéniable et reconnue sinon acceptée : l'espagnol notamment reste une des langues les plus pratiquées dans le monde mais il n'y a plus guère d'autre unité que par la langue entre les différentes entités politiques qui la pratiquent, sans compter les cas où elle est minoritaire, notamment les États-Unis, ou en concurrence avec des langues locales ou d'autres langues de culture ou de civilisation, comme aux Philippines.
Note incidente. Je suis qui je suis, né dans le bassin culturel et civilisationnel dont le centre est la Méditerranée et participant de “l'ancien monde” comme on disait il n'y a pas si longtemps, “le vieux monde” comme disent certains désormais, je connais pour l'essentiel ce qui concerne l'Eurasie et l'Afrique et leurs surgeons un peu partout en tant qu'ils en sont des extensions (les anciennes ou encore actuelles colonies de peuplement de ce “vieux monde” dans les Amériques et l'Océanie), j'ai donc un vague savoir sur les autres situations, ou même celles périphériques ou locales dans le vieux monde, mais je ne méconnais pas qu'il existe des cas similaires ailleurs dans l'espace ou/et dans le temps, notamment chez les Amérindiens, qui ont aussi connu, et connaissent encore, surtout en Amérique latine, des langues de culture et de civilisation. On connaît plus ou moins deux des plus récentes, “maya” et “inca”, mais il y en eut d'autres, tels les Natchez. Les articles de Wikipédia sur le peuple comme sur la langue ne sont pas très détaillés, cette page est plus instructive, les Natchez sont les continuateurs tardifs d'une culture ancienne, dite la culture de Plaquemine (faussement dite « culture préhistorique » dans l'article, elle est précolombienne mais “historique” puisque née et morte dans la première moitié du deuxième millénaire de l'ère commune). Le fait que la culture et la langue natchez sont la conséquence de la rencontre de plusieurs cultures, plus l'existence de deux langues contrastées, “de l'élite” et “du peuple”, sont l'indice d'un cas de “civilisation” tel que je l'entends dans le contexte de cette discussion.
La liste des langues les plus parlées est intéressante à plusieurs titres. Je reproduis ici le tableau de l'article de Wikipédia dans une version allégée :
Liste de langues les plus parlées dans le monde, en million de locuteurs.
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Langue | Famille | Total | Statut de la langue
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maternelle | seconde | étrangère
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Anglais | Indo-européenne, germanique | 1500 | 372 | 611 | 600
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Mandarin (langues chinoises) | Sino-tibétain | 1092 | 898 | 194 | 40
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Espagnol | Indo-européenne, Italique, romane, ibérique | 577 | 437 | 91 | 21
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Arabe | Afro-asiatique, sémitique | 538 | 287 | 246 | 5
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Hindi | Indo-européenne, indo-iranienne, indo-aryenne | 381 | 260 | 121 | Faible
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Français | Indo-européenne, italique, romane, oïl | 291 | 85 | 153 | 62
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Russe | Indo-européenne, slave | 268 | 154 | 113 | 15
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Bengali | Indo-européenne, indo-iranienne, indo-aryenne | 267 | 242 | 19 | Très faible
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Portugais | Indo-européenne, italique, romane, ibérique | 240 | 219 | 11 | 5
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Malais et Indonésien | Malayo-polynésiennes, Austronésiennes | 198 | 23 | 175 | Faible
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Ourdou | Indo-européenne, indo-iranienne, indo-aryenne | 162 | 68 | 94 | Très faible
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Allemand | Indo-européenne, germanique | 134 | 110,5 | 8 | 15,5
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Japonais | (Langue isolée) | 129 | 128 | Faible | 1 |
Une limite de mise en page des tableaux par le logiciel qui gère l'affichage dans le CMS (content management system, système de gestion des contenus) que j'utilise ici m'a obligé à mettre le total avant les détails, mais ça ne me semble pas gênant. Ce tableau a beaucoup d'intérêt pour moi, il synthétise plusieurs de mes thèmes et thèses.
Il y a une circulation entre langues de civilisation et de culture, sans que ce soit aussi direct et simple on peut d'une certaine manière poser qu'une langue de civilisation continue une langue de culture et réciproquement. Je vais prendre pour exemple le processus long que je connais le mieux, celui du bassin culturel et civilisationnel dont le centre, variable et parfois absent ou multiple au cours du temps, se situe au nord-ouest de la Méditerranée, qui correspond à l'ensemble des territoires qui furent intégrés au trois principales entités politiques des deux derniers millénaires, l'Empire romain d'Occident, l'Empire carolingien et le Saint-Empire romain germanique, que regroupe l'actuelle Union européenne – à une époque pas si lointaine il y eut même un projet de reconstitution de l'Empire romain dans sa plus grande extension, quand ses parties occidentale et orientale étaient à-peu-près unifiées, qui depuis le début de ce millénaire est remis à plus tard.
Même si j'ai quelques notions de la période antérieure, celle qui m'intéresse ici va depuis le moment où la Grèce antique s'invente puis se réalise, à quelque chose près du milieu du deuxième millénaire au milieu du premier avant l'ère commune, jusqu'à aujourd'hui. Dans cette discussion j'irai à grands traits, par ailleurs j'explore plus précisément d'autres aspects, ici m'intéresse avant tout cette question des langues, et de leur rôle dans la constitution et l'évolution des cultures et civilisations successives de cette aire.
Les causes et les effets.
Le principe de continuité d'une entité politique est “tel parent, tel enfant”, le principe de succession de ces entités est “à parent avare, enfant prodigue”. Une cause n'étant pas son effet ni un effet sa cause, quoi qu'en supposeront les tenants de l'un et l'autre principe, à terme plus ou moins long leur société aboutira au principe qu'ils ne visent pas et souvent, qu'ils ne souhaitent pas. Toute société est “tao” et alterne des moments actifs et passifs, statiques et dynamiques, mais comme le postule la philosophie tao il y a de l'actif dans le passif et réciproquement, du mouvement dans l'immobilité et réciproquement. Les humains, donc leurs sociétés, sont des êtres vivants, comme tels ils ont nécessité à alterner les phases statiques et dynamiques. Remarquez, je parle du tao parce qu'il a produit une réflexion très claire, que représente bien son fameux symbole, le taìjítú,
mais on trouvera ailleurs et d'autre manière le même constat. Une version plus poétique de ce constat (bien que, je suppose – et même j'en suis certain –, il existe aussi une poésie tao aussi intéressante mais je ne la connais peu et mal), L'Ecclésiaste, donné aussi par son nom hébraïque, Qohelet :
Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux :
un temps pour naître, et un temps pour mourir ;
un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté ;
un temps pour tuer, et un temps pour guérir ;
un temps pour abattre, et un temps pour bâtir ;
un temps pour pleurer, et un temps pour rire ;
un temps pour se lamenter, et un temps pour danser ;
un temps pour lancer des pierres, et un temps pour ramasser des pierres ;
un temps pour embrasser, et un temps pour s’éloigner des embrassements ;
un temps pour chercher, et un temps pour perdre ;
un temps pour garder, et un temps pour jeter ;
un temps pour déchirer, et un temps pour coudre ;
un temps pour se taire, et un temps pour parler ;
un temps pour aimer, et un temps pour haïr ;
un temps pour la guerre, et un temps pour la paix.
(Ecclesisaste, 3, 1-8, traduction Segond, 1910)
Un peu avant, Ecclesisaste, 1, 4-10 :
Une génération s’en va, une autre vient, et la terre subsiste toujours.
Le soleil se lève, le soleil se couche ; il soupire après le lieu d’où il se
lève de nouveau.
Le vent se dirige vers le midi, tourne vers le nord ; puis il tourne
encore, et reprend les mêmes circuits.
Tous les fleuves vont à la mer, et la mer n’est point remplie ; ils continuent à aller vers le lieu où ils se dirigent.
Toutes choses sont en travail au delà de ce qu’on peut dire ; l’œil ne se rassasie pas de voir, et l’oreille ne se lasse pas d’entendre.
Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil.
S’il est une chose dont on dise : Vois ceci, c’est nouveau ! cette chose existait déjà dans les siècles qui nous ont précédés.
On ne se souvient pas de ce qui est ancien ; et ce qui arrivera dans la suite ne laissera pas de souvenir chez ceux qui vivront plus tard.
Pour le tao comme pour l'Ecclésiaste importe l'alternance des temps et la stabilité dans le mouvement, le mouvement dans la stabilité : rien de nouveau sous le soleil, mais toutes choses sont en travail au delà de ce qu’on peut dire, les deux ne se contredisant pas, si toutes choses sont en travail toujours, alors il n'y a rien de nouveau.
Concrètement, on a trois types de sociétés, en réseau, en toile et mixtes. Les premières sont des sortes d'archipels, chaque “nœud” du réseau est une société à soi-même et ne se lie pas fortement aux autres nœuds, il y a un “effet culturel” par la proximité fonctionnelle de ces nœuds et par les échanges plus ou moins importants entre eux, et un “effet civilisationnel” parce qu'il n'y a pas cinquante manières de vivre en société restreinte, tous ces nœuds ont de structures formellement assez proches. La toile est la conséquence d'une solidification des liens entre nœuds. Le réseau est typiquement le cas des ensembles humains qualifiés aux siècles passés, et encore aujourd'hui même si moindrement, de “primitifs” ou “premiers” ou “sauvages”, un mixte de chasse, de cueillette, d'agriculture limitée et d'un peu d'élevage en proportions variées, de l'absence totale d'élevage, presque totale de l'agriculture, jusqu'à une pratique marginale de la chasse, modérée de la cueillette ; à la base la toile n'est rien de plus que l'agrégation des nœuds en un ensemble à la fois plus dense et plus dispersé, chaque nœud compte un nombre restreint d'individus mais ils sont proches les uns des autres, et stables, sédentaires. Ce type d'organisation a un effet sur la langue. Dans les sociétés “primitives” chaque société possède sa propre langue. Ça n'est pas strictement le cas mais du moins la variété dialectale est forte et la différenciation augmente vite entre des ensembles locaux assez homogènes en relation fréquente et ceux plus distants en relation erratique.
La différence, dans une société textile, est l'existence d'une langue commune plus étendue et plus stable, nécessaire à la coordination d'ensemble humains homogènes plus importants sur un territoire plus large, cela dit et jusqu'à date récente – fin XIX° siècle et début XX° – la grande variation dialectale et linguistique était la règle dans presque toute société, ce n'est qu'à l'occasion du vaste processus de colonisation des Amériques, de l'Océanie et d'une partie de l'Asie, pour l'essentiel du XVII° siècle au XIX°, que se constituèrent de vastes ensembles linguistiquement homogènes, alors même que dans les métropoles persistait une forte variation dialectale et linguistique – en France par exemple, ce n'est que vers le milieu du XX° siècle qu'une large majorité des métropolitains parla le français, alors que tout colon le parlait, ainsi que les colonisés qui leurs servaient d'auxiliaires. Pour anecdote, dans mon jeune temps, en 1968, ma famille s'installa dans un village du Cantal, Polminhac, et dès qu'on s'éloignait du bourg beaucoup des personnes de plus d'une cinquantaine d'années qu'on rencontrait ne parlaient que le cantalou de leur coin, les autres un français souvent malaisé à comprendre pour quelqu'un qui venait de régions distantes et plus profondément francisées. Disons que dans une société textile l'aire d'intercompréhension est plus large mais pas si étendue que ça jusqu'à très récemment.
Il y a deux cas de sociétés mixtes, celles “culturelles” et celles “civilisationnelles”. Dans les faits il n'y a pas de réelle différence formelle, c'est plutôt une affaire d'orientation et de pratique. Je nomme donc ici civilisations ces formes d'entités politiques où il y a une volonté consciente de la part des groupes dirigeants de diviser par la langue, la volonté des propagateurs de cultures, qui au départ ne font pas partie des groupes dirigeants, étant au contraire d'unir par la langue. La lutte sinon éternelle du moins très ancienne du yin et du yang, de la division contre l'union. Ça n'induit pas pour cela que les “culturels” seraient des bons et les “civilisés” des méchants, d'une part l'une ou l'autre option se valent sur la durée car elles ont nécessairement une fin, et le mouvement initial est souvent dicté non par ce qu'on peut nommer un sentiment mais par un contexte, la division est l'instrument du fort, l'union celui du faible, voilà tout. Par contre on peut opter pour l'une ou l'autre voie sans nécessité propre mais par analyse du contexte.
Langues artificielles et langues naturelles.
D'évidence cette opposition n'a qu'une valeur euristique, toute langue humaine est à la fois artificielle et naturelle, la capacité de langage doublement articulé est naturelle pour un humain, sa réalisation est artificielle. Comme je le dis dans divers textes, elle n'émergera chez un individu que dans certains contextes et à une certaine période de sa vie, entre trois et quatre mois après sa conception et deux ou trois, en tous les cas passé quatre à six ans l'accès à cette capacité devient impossible. Le contexte ? Une société humaine, un “bain de langage”.