Je vis dans une société peuplée de “diogènes”, par contre ils n'ont rien à voir avec ces personnes un peu étranges qui accumulent les traces de leur passé dans leur lieu de résidence, lesquelles n'ont d'ailleurs rien à voir avec le Diogène qui sert de référence pour les nommer puisque précisément il n'avait pas de lieu de résidence particulier et aucun bien, aucune trace de son passé avec lui, sinon lui-même. Les “diogènes” dont je parle ont un rapport partiel avec ce Diogène, comme lui ils sont entièrement transparents et entièrement dépendants, mais contrairement à lui ils sont absolument transparents et absolument dépendants. Ce qui fait du Diogène philosophe un être humain social absolument opaque et absolument indépendant est la conscience de sa situation et sa décision délibérée d'être entièrement transparent et entièrement dépendant, alors que les “diogènes” de 2018 ne se savent pas transparents et dépendants. Le smartphone du titre va illustrer la chose.


Ouais, bon, qu'est-ce que j'ai à dire de plus ? Avec la plus grande évidence, le smartphone utilisé sans nécessité rend absolument transparent et dépendant. Disons, ça rend aussi indépendant et opaque que l'usage d'une automobile au cœur de Paris, soit, d'aucune manière. Le bédouin isolé au cœur d'un désert n'a pas nécessité à disposer d'un smartphone et d'une automobile mais il peut y avoir un usage de ces objets qui n'est pas sans nécessité, ces deux instruments n'ont, au cœur de Paris où il n'y a jamais un humain à plus que quelques dizaines de mètres, aucune nécessité. À quoi ça sert, alors ? À se rendre transparent et dépendant.