J'aime les mots parce qu'ils n'ont pas de sens défini, ne pointent pas une réalité définie. Par exemple, la question du titre et la réponse qui suit peuvent s'interpréter d'au moins trois manières, gros est une maladie de riche, ou, la pauvreté est une maladie de gros, ou, et c'est celle visée ici, pauvre est une maladie. Le titre m'a été inspiré par celui du troisième épisode de la série documentaire «Place aux gros! », intitulée «Obésité: une maladie de pauvre ». Or ça n'est pas le cas, on peut être riche et obèse. Le sujet qui fait le fil de la série est celui de la “grossophobie” mais au fil des épisodes on s'aperçoit de ceci: en dehors des cas de troubles relationnels intrafamiliaux les seuls ”gros” qui font l'objet d'une “phobie” sont les pauvres. Même dans les cas familiaux il y a au moins un implicite, souvent un explicite, grossir est un “déclassement”, donc gros = pauvre. Bien sûr, on ne dira pas de Gérard Depardieu ou de je ne sais quel détenteur de fortune très volumineux qu'il est mince et svelte, par contre les vendeurs de n'importe quoi, entre autres d'éducation et de soins, ne les insulteront jamais comme ils peuvent insulter des gros pauvres. C'est toujours le même principe, celui d'une sentence que mon défunt père aimait bien, un imbécile pauvre est un imbécile, un imbécile riche est un riche. Ce qu'on reproche aux gros qui sont pauvres n'est pas leur grosseur mais leur pauvreté. D'où, si être gros et pauvre est une maladie, l'élément déterminant est: pauvre. Donc, être pauvre est une maladie.