Les personnes raisonnables ont en majorité un gros défaut, elles croient que la raison est le moyen efficace de convaincre un interlocuteur d'entendre leurs arguments, à partir de quoi une réelle discussion sera possible. C'est idiot. La seule manière de convaincre est de casser les arguments de son interlocuteur, que chacun des interlocuteurs casse les arguments de l'autre, et la raison émergera d'elle-même des débris. Ils ne se rendent pas compte de cela pour deux raisons, d'une part ils n'ont pas conscience de la méthode, de l'autre ils n'ont pas la perception du fait que, quand on a affaire à un interlocuteur déraisonnable, il n'essaie jamais de casser les arguments de ses contradicteurs, soit il n'y touche pas, soit il les rejette en bloc, mais jamais ils ne les cassent. Et si l'un des interlocuteurs refuse de casser les arguments qu'on lui propose, la raison ne peut émerger.
J'ai une typologie des humains assez sommaire, je les répartis en trois classes majeures et en quatre classes mineures, plus deux ensembles “hors classe”. Factuellement, il n'y a que deux classes, les vrais humains et les faux humains, et une “non classe”, qu'on peut nommer “les humains périphériques”, qui ne sont ni vrais ni faux, qui sont, disons, “autres”. C'est, peut-on dire, la manière dont ces trois catégories se déploient dans l'espace social qui va induire la constitution des sept classes et des deux non classes. C'est, peut-on dire, fonctionnel, une société est une sorte d'individu qui s'organise globalement selon la forme des individus qui la composent et selon le modèle de comportement moyen. La forme est celle courante parmi les mammifères, une tête, un corps, deux membres antérieurs, deux membres postérieurs, à quoi s'ajoutent deux mains, une particularité des simiens, ce qui forme la base de nos sept classes : au milieu ou au centre “le corps”, en haut “la tête”, en bas “les jambes”, vers le haut du corps “les bras”, et en périphérie, un peu au-delà des bras, “les mains”. Je ne vais pas affiner ici, je le fais dans d'autres pages, pour que cette forme soit fonctionnelle elle a “un squelette” et “des articulations”, qui font que chaque classe est une fractale, qu'elle est à son niveau formée de sept classes et cela infiniment, jusqu'à chaque individu. Bien sûr cette organisation est formelle en un autre sens, il s'agit d'une formalisation et les membres de la société ne sont pas effectivement groupés par classes. Ou ne le devraient pas mais là n'est pas le sujet. Le modèle de comportement est pris dans la réalité observable, chaque société, de la plus large à la plus restreinte et in fine chaque individu, a son “totem”. Tiens, avant de poursuivre, ma définition ultime de ce que pour moi et pour moi seul est une société. Si d'autres partagent mon avis c'est tant mieux mais ici, il s'agit juste de définir une notion tellement multiple qu'on ne peut pas trop s'entendre si on tente d'unifier ce qui ne peut l'être. Faute de le pouvoir, et bien je vais simplifier, dégager ce qui me semble le point nodal de toutes les acceptions.
Excursus : la société “à l'os”.
Une société c'est trois individus ou plus qui décident de s'harmoniser pour agir “comme un seul être”. Un humain, un chat et un oiseau qui s'harmonisent font une société. Et s'ils sont bien harmonisés ils sont alors “comme un seul être”. Mais ils ne sont pas un seul être, si c'est le cas, s'ils sont un seul être, alors l'un des trois a mangé les deux autres.
Fin de l'excursus.
Même si je ne méconnais pas le fait qu'une société humaine regroupe des individus de toute espèce animale ou végétale et même d'autre sorte (machines, être morts ou non encore nés, divinités, démons, chimères, cailloux, concepts, bref tout ce qui fut, est ou pourrait être est susceptible d'entrer dans une société humaine) et vais me limiter pour l'essentiel à la part d'une telle société généalogiquement humaine, dont au moins un parent, fonctionnellement toujours le même, “la mère”, est généalogiquement lié à l'espèce. Dit autrement, toutes les “femmes” et tous les “hommes” nés d'une “femme”. Tout ça entre guillemets rapport au fait que c'est une convention, tous les humains sont des humains mais seule une partie des humains est en situation de continuer l'espèce, conventionnellement on nomme cette partie “les femmes” et par contraste l'autre partie “les hommes”. Dans la réalité observable cette convention n'a pas grand sens mais dans celle inobservable, “ce qui lie les membres d'une société”, elle a son importance, ça permet de savoir quelle part de l'humanité doit absolument être préservée si l'espèce souhaite continuer son chemin dans la vie. Comme on dit dans les navires en train de sombrer, « les femmes et les enfants d'abord », préserver d'abord la continuité de l'espèce, puis sa continuation, pour le reste on verra, il en restera bien quelques-uns, au moins parmi les enfants, et sinon on fera sans...
Le totem est la manière dont la société se représente, c'est nécessaire pour s'organiser et pour mener le projet commun, si on souhaite un projet lent, plutôt horizontal, solide, avec des membres et une tête plutôt petits et un corps large, la tortue est un bon totem, si on opte pour un projet rapide, mobile et sans attaches, le loup ou l'aigle sont intéressants, et bien sûr si on vise un projet polyvalent et sans but précis, l'humain est une bonne option. Dans une société large, genre plus de vingt-cinq humains, il y aura de la diversité, un totem commun et pour chaque société plus réduite qui la compose, genre trois à sept membres, ainsi que pour chaque membre, il peuvent avoir d'autres totems. Dans l'idéal le meilleur totem est l'humain, ça simplifie, un humain est virtuellement n'importe quoi, donc le totem humain est le plus adapté pour ouvrir les possibilités, les circonstances faisant émerger tel potentiel selon nécessité ou choix. Ce monde n'étant pas idéal il en va autrement, en général.