Être ou ne pas être, voilà le problème.
Mourir, dormir, est-ce là tout ? Oui, tout.
Non, dormir, c’est rêver. Oui, pardieu, ce n’est que cela.
Et puis, quand nous nous éveillons de ce rêve de la mort,
c’est pour être portés devant un juge éternel,
dans la région inexplorée d’où nul voyageur
n’est jamais revenu, et à la vue de laquelle
l’heureux sourit et le maudit est damné.
Sans cela, sans l’espérance des joies futures,
qui voudrait supporter les dédains et les flatteries de ce monde,
le mépris du riche pour le pauvre, la malédiction du pauvre au riche,
l’oppression de la veuve, l’injustice envers l’orphelin ?
Qui voudrait supporter la faim, le règne d’un tyran,
et mille autres calamités ?
Qui voudrait geindre et suer sous cette vie accablante !
S’il pouvait s’en affranchir à jamais
avec un simple poinçon ? Qui endurerait tout cela, sans cette appréhension
de quelque chose après la mort