Ouais ben tu parles ! Je me moquais justement, dans une autre page, pour préciser dans celle intitulée « Stases », de ces “fous” qui « sont conditionnés à “chercher des Signes” et quand ils les trouvent ou croient les trouver ça les déclenche ». Savez-vous ? Je suis votre semblable, et comme vous un fou qui cherche des signes, or, comme dit un de mes aphorismes “qui cherche trouve” – pas nécessairement ce qu'il cherche mais ce qui compte est de trouver, non ? Euh, non, justement, mais peu importe...
En fait non, je ne suis pas un fou, ou du moins pas de ce genre, je ne cherche pas de Signes mais parfois j'en trouve. Sans chercher. Ma propre folie c'est plutôt le genre “Approches Fraîches”, je ne cherche pas les Signes, j'attends qu'ils viennent. Vous l'aurez compris, il s'agit ici d'ironie – quant aux « Approches Fraîches », je reprend ça d'un de mes romans favoris, Camp de concentration, d'un de mes auteurs favoris, Thomas Disch, où l'un des personnages un peu (et même beaucoup) barré, qui dirige le quasi camp de concentration du titre, est adepte d'une approche “alchimique” tendance New Age, un truc du style “se mettre en état de réception et se rendre vigilant aux Approches Fraîches”.
Le titre de cette page réfère à une de mes rengaines, éviter de faire des “prédictions à l'avance”, déjà que prédire le passé est délicat et prédire le présent incertain, prédire l'avenir est carrément aventureux... Je compte, dans cette page, faire quelques prédictions à court terme et même à très court terme, genre quelques heures à quelques jours. En bonne pythonisse je proposerai plusieurs possibilités, ça devrait réduire les risques, si je fais trois ou quatre hypothèses ça augmentera mes chances, et ultérieurement je ne me prévaudrai que de celle qui correspondra à-peu-près à la réalité. Enfin non, je ne compte pas corriger mes futures contributions à cette page, sinon pour la forme (quand on publie directement sur Internet on n'est pas à l'abri des coquilles et autres erreurs d'orthographe ou de syntaxe, c'est sûr, ça je peux le prédire à l'avance et à l'aise...), donc chacune et chacun pourra constater que j'aurai proposé plusieurs issues possibles. Disons, il ne s'agira pas vraiment de prédictions, plutôt des hypothèses vraisemblables sur certains développements futurs.
Addendum au 5 octobre 2018. Finalement cette page sera un fourre-tout, des notations plus ou moins brèves sur des choses lues, vues ou entendues, qui me sembleront intrigantes.
Les Fachos sont de retour ! Au Brésil du moins...
Commencé le 28 octobre 2018 à 10h00.
C'est du moins ce qu'on ne cesse de me répéter depuis quelques semaines sur ma radio, censée pourtant être un Temple de la Raison, France Culture. Ça concerne bien sûr l'élection présidentielle en cours dans ce pays. Ah oui ! Et ils menacent aussi en Allemagne. Sans compter qu'ils sont plus ou moins déjà au pouvoir en Hongrie, en Pologne, en Autriche, en Italie, etc. Bon. Pourquoi pas. C'est possible. Certes assez peu probable mais possible. De ce que j'en peux comprendre, au Brésil c'est déjà le cas depuis au moins deux ans, plutôt trois, donc ça ne changera pas grand chose si le “candidat d'extrême-droite”, comme me le dit ma radio, devait devenir président.
Oui, j'ai des critères sur la question autres que ceux des personnes censées m'informer : n'étant pas du genre à “chercher des Signes”, je me contente de les laisser venir, et comme ils me surprennent, je cherche alors à les comprendre. Voilà le problème avec les “chercheurs de Signes”, ils ne les voient que s'ils les reconnaissent, du fait quand un signe n'entre pas dans la classe Signe, avec majuscule, ils ne le voient pas. Exemple : presque tous les électeurs ou futurs électeurs de Jair Bolsonaro interrogés par des reporters de Radio France sur leurs motivations mettent en avant leur volonté de “chasser le Parti des travailleurs (le PT) du pouvoir”. Or, le PT n'est plus au pouvoir depuis fin 2015, quand la coalition formée un an plus tôt éclata et que plusieurs de ses partis entrèrent dans celle d'en face, celle “de droite”, la “coalition anti-PT”, quelques autres entrant dans la troisième, “centriste”. Et même avant ça, le PT n'a jamais pu former une majorité stable, et au plus fort de sa présence électorale compta 91 députés, soit à peine plus du tiers de ce qu'il fallait pour former une majorité (257 députés, donc 166 de plus), depuis il n'a cessé de perdre des sièges et, aux autres niveaux, des provinces, des circonscriptions, des villes...
Le Brésil est un pays curieux, encore plus curieux que les pays européens : en Europe plus d'un parti supposé d'extrême-droite (et qui souvent le sont) se pare du mot “démocrate” dans son intitulé ; au Brésil, l'étiquette est encore moins indicative, il y a des partis “démocrates”, “républicains”, “sociaux” ou “socialistes”, “travaillistes”, “libéraux” qui se situent ou que l'on situe indifféremment de l'extrême-gauche à l'extrême-droite. Par exemple le Parti populaire socialiste, issu du Parti communiste brésilien, est aujourd'hui situé au centre-droit après avoir navigué du centre-gauche à l'extrême-gauche, de même le Parti travailliste brésilien, anciennement de centre-gauche, a dérivé vers la droite après une scission d'où naquit le Parti démocratique travailliste qui intégra par après l'Internationale socialiste, plutôt centre-gauche (mais parfois un peu moins gauche) mais aussi la “Conférence permanente des partis politiques d'Amérique latine et des Caraïbes, qui réunit des partis allant du centre-gauche à la droite non centriste et réussit le tour de force d'accepter en son sein quatre partis argentins, dont deux partis péroniste et deux anti-péronistes, et deux “centre-gauche”, deux “centre-droit”, la division ne passant pas au même endroit que pour la première. Que dire ?
Donc, les électeurs de Bolsonaro veulent “chasser du pouvoir” un parti qui n'y est pas, et d'autant moins depuis la destitution de Dilma Rousseff. En outre, le président en place, son parti et une majorité des partis de sa coalition, donc celle actuellement au pouvoir, se sont prononcé en faveur de Bolsonaro, et feront probablement partie de la coalition qui le soutiendra si du moins il est élu. Et s'il ne l'est pas ça importe peu puisque son rival va devoir faire avec une majorité parlementaire qui lui est défavorable.
Mon critère pour savoir si on est menacé par le “fascisme” ? Qu'une majorité prenne non pas ses rêves mais ceux d'une classe au pouvoir pour la réalité. Laquelle réalité est que le PT ne gouverne plus depuis 2015 de droit, depuis 2012 au moins de fait.
Ma prédiction ? Quel que soit le résultat de cette présidentielle les électeurs seront floués car quel que soit le nouveau président la situation sera exactement la même. Quant à un hypothétique retour de la dictature militaire, elle est irréaliste : les militaires ont visiblement compris qu'il est préférable de rester derrière que devant si on veut contrôler. Qu'il vaut mieux être le marionnettiste que la marionnette.
Ce qui précède : achevé vers 12h00 le même jour.
Reprise à 13h25.
Il est une chose à comprendre sur le Brésil, portable ailleurs même si différemment, la situation actuelle est la conséquence directe de la séquence 1964-1985, dite faussement de dictature militaire – il y eut bien dictature et il y eut bien des militaires “au pouvoir” mais que peut le pouvoir sans la puissance ? –, et une conséquence indirecte de ce qui se passa à la fin du XIX° siècle, au moment de la fin officielle de l'esclavage : la lutte du Bien contre le Mal – du Bien “de droite” contre le Mal “de gauche” et réciproquement. Ce qui conduisit au coup d'État de 1964 et à la dictature de 1965-1985 est ce qui conduisit à toutes les dictatures latino-américaines de l'époque, “de gauche” comme “de droite” : la lutte universelle entre “capitalisme” et “communisme”, la lutte du Monde Libre “de droite” contre le Monde Libre “de gauche” (car, il faut le comprendre, les deux camps proclamaient agir en faveur de la liberté, quitte à la restreindre puisque « la fin justifie les moyens »). Si vous vous intéressez vraiment à ce qui se passa dans les décennies 1930 à 1950 au Brésil, vous constaterez cette chose étrange dans la première moitié de la décennie 1960, il y eut deux groupes “complotistes”, et tous deux étaient animés par des militaires, l'un de droite et d'extrême-droite, l'autre de gauche et d'extrême-gauche. Il se trouve que dans le contexte latino-américain l'avantage stratégique allait plutôt à la droite mais ça n'empêcha pas une lutte tactique à gauche : le Brésil connut lui aussi, à l'instar de bien d'autres, une mouvance d'action directe et de lutte armée, cela principalement durant la dictature.
La conséquence ? Presque tous les partis actuels continuent cette guerre civile, presque tous sont issus des deux partis officiels reconnus pendant la dictature ou des partis fondés peu après la fin de la dictature par les anciens mouvements d'action directe. Ce qui permet de comprendre pourquoi, très régulièrement, on assiste à des scissions où une faction ira “à droite” et l'autre “à gauche”, et au passage de petits partis d'une coalition à l'autre : on y perpétue la tradition antérieure d'entrisme et d'infiltration. Certes, les militaires ont quitté le pouvoir en 1985, par contre tous les “groupes de pouvoir” de l'époque n'ont pas pour cela céder leurs positions, les activistes de tout bord de 2018 poursuivent l'œuvre des activistes d'avant 1985 même si moins violemment en surface – reste que le Brésil est l'un des pays les plus meurtriers, au moins aussi meurtrier que les États-Unis et nettement plus que ceux dont on parle le plus souvent sous cet aspect, hormis ceux en guerre civile ouverte.
Quand on fait la guerre, mieux vaut que ce soit loin de chez soi.
Commencé le 1° octobre 2018 à 12h45.
Une question de moment : la fameuse “caravane de migrants” dont on parle depuis quelques temps déjà arrivera-t-elle à la frontière des États-Unis avant ou après le 5 novembre ? Rapport au fait qu'il sera beaucoup plus compliqué d'aligner 15.000 soldats armés en face de 7.000 civils désarmés devant les caméras de toutes les télévisions du monde à la frontière du pays le plus riche du monde qu'à l'abri des regards au fin fond d'une vallée perdue là-bas, loin, en Afghanistan. Clairement, si ça se passe au plus tard le 5 novembre, je crains fort que l'opération de communication de Donald Trump n'ait pas le résultat escompté...
Complété de 5 novembre 2018, 19h10.
En tout cas cette agitation a eu un résultat étonnant, même la chaîne de télévision Fox News, qui n'est pas réputée pour son sens de la mesure, en est venue à déclarer, par la voix d'un de ses éditorialistes, qu'envoyer 15.000 soldats à la frontière mexicaine pour empêcher censément 7.000 personnes de la franchir alors qu'elles sont encore à un ou deux mois de marche de ladite frontière était “un peu” excessif et prématuré...
Mais ce sont des “droit commun”.
Rédigé le 5 novembre 2018, 19h00
Entendu à l'instant sur France Culture, émission Le Grain à moudre, M. Pietrasanta, député, parlant des “1.200 à 1.500 radicalisés actuellement en prison” et expliquant, un peu désolé semble-t-il, « mais ce sont des “droit commun” ». Ce qui en peu de mots indique trois choses importantes : en France certaines personnes incarcérées ne le sont pas au titre du régime de droit commun, donc le sont au titre d'un régime d'exception, et enfin que ces “non droit commun” connaissent aussi un traitement “non droit commun”. La France est-elle réellement un État de droit ? On se le demande...