De longue date, je tente d'élucider cette question simple et pourtant, qui ne semble pas de première évidence pour bon nombre d'humains, du jour où l'humain initial engendra le second humain, il y eut un premier et un dernier, le premier et le dernier humain. Considérant que le premier humain était nécessairement double mais un seul indubitable. Où les choses se compliquent, dès lors que le premier humain engendra d'autres humains ou qu'à son tour le dernier humain engendra d'autres humains, ce qui implique nécessairement que le dernier humain est lui aussi double et lui aussi seulement pour moitié indubitable, le dernier humain est ce nouvel humain, et dès lors que le premier humain a définitivement disparu, que les deux individus qui le constituent sont morts, le premier humain est alors le plus ancien des humains restant, hypothétiquement le tout premier des derniers et sinon le plus ancien des derniers encore vivant, qu'il soit simple (sans engendrement) ou initialement double, qu'il le soit encore après la disparition du premier humain ou non. Bien sûr, une question se pose quant au premier humain du moment, est-ce le premier indubitable, soit qu'il n'ait pas engendré, soit qu'il fut l'humain indubitable, ou est-ce celui non indubitable ?
Le grand remplacement.
Disons, la branche Homo des homininés débute il y a environ cinq millions d'années. Au départ elle est diverse, comme il arrive toujours quand un nouvel embranchement apparaît dans un phylum, mais il y a un problème : cette branche-ci développe un comportement qui exclut que deux espèces puissent se développer dans le même environnement, soit elles se fondent, soit l'une élimine l'autre. Ce comportement, on peut le décrire diversement et en expliquer la cause tout aussi diversement mais peu importe, il existe et on peut en tout cas en décrire les conséquences, qui sont doubles, la perception de soi comme un individu à la fois divisé et composé, deux parties qui n'en font qu'une, qu'on nommera ici “le corps” et “l'esprit”, et ce qu'on peut nommer l'externalisation de ces deux parties, qui sont à la fois immanentes et transcendantes, un groupe d'individus de la branche Homo constitue “un même corps” et “un même esprit”, ce corps dépasse l'ensemble des individus et intègre tout ce qui compose, du point de vue de ce groupe, son espace vital, son territoire et tout ce qu'il comporte, cet esprit n'est pas la somme des esprits de ses individus mais autre chose, la combinaison d'une partie des esprits de chaque membre du groupe, plus un “esprit partagé” qui résulte de cette combinaison, plus la mémoire des individus qui ont appartenu antérieurement à ce groupe, plus les pensées d'individus qui appartiendront ultérieurement à ce groupe. C'est cette extension dans l'espace et dans le temps d'un groupe Homo qui explique son exclusivisme, quand deux groupes entre en contact, soit ils deviennent des “mêmes” et en ce cas vont fusionner, soit ils deviennent l'un à l'autre des “autres” et l'un doit céder sa place.
Après une assez longue période, qui se termine pour l'essentiel il y a environ 400000 ans et s'achève il y a environ 30000 ans, sinon quelques groupes résiduels de branches secondaires assez proches assez vite absorbées ou éliminées (assez vite, il faut s'entendre, ça prit dans les 10000 ans mais sur une histoire qui dure 400000 ans, ça ne fait pas grand chose) et ne reste qu'une seule espèce, celle actuelle, dite Homo sapiens. Fin du grand remplacement et début d'une autre aventure de l'espèce.
Les premiers seront les derniers...
...Et les derniers seront les premiers, bien sûr. Les premiers seront les derniers à quitter leur espace vital, les derniers seront les premiers à s'en éloigner. C'est ainsi : ceux qui, quand les ressources viennent à manquer ici ou semblent prometteuses ailleurs, et bien les premiers à quitter le pays natal seront les jeunes et les moins bien dotés, les derniers en âge et les derniers en position sociale. Autre cas, la société se défait, pour diverses raisons (guerre civile ou de frontière, invasion, occupation...), alors ce sera l'inverse, les premiers seront les derniers à vouloir maintenir ou restaurer la situation antérieure et les derniers à résister au nouvel état des choses : quand on risque de tout perdre, on est d'autant moins attaché à préserver l'ordre ancien qu'on a beaucoup à y perdre.