J'ai tendance à raconter un peu toujours les même choses, en faisant des variations. Sans avoir nommé ça ainsi j'en ai parlé dans plusieurs textes, des pièges à cons. Mais comme ça, en passant. Là j'entre dans le vif.

Un con est con et comme tel, à la fois crédule et incrédule : il ne croit que ce qu'il voit et de ce fait, ne croit pas ce qu'il ne voit pas. Un piège à con consiste simplement à fixer l'attention du con sur une chose à laquelle il croit – parce qu'il la voit – et de ce fait de ne pas lui faire voir ce qui constituera le piège. On peut certes tenter de le persuader de voir ce qu'il ne voit pas mais c'est compliqué. La méthode pour activer le piège est d'une facilité déconcertante : s'arranger pour qu'il ne voie plus ce qu'il croit. En un premier temps il se sent perdu, un peu (ou beaucoup, selon niveau de connerie) comme si tout d'un coup la réalité n'était plus là. Mais un con a nécessité de croire, donc il va chercher autour de lui s'il y a quelque chose à voir et il va voir le piège. Au début il n'y croit pas – et quoi ! Une chose qui apparaît comme ça, d'un coup, la voit-on vraiment ? Alors il s'approche, il touche pour vérifier et hop ! Le piège se referme. En toute honnêteté, ce n'est que la moitié du piège, l'autre moitié c'est le truc qu'il voyait et qui a disparu.

Tiens, par exemple : on offre un miroir à un con, un miroir genre “smartphone”, il s'y voit, il s'y contemple, il trouve ça beau et reste hypnotisé. On éteint le miroir, le con est tout perdu, où a donc disparu toute cette beauté ? Il regarde alors autour de lui, ne voit rien, puis croit voir quelque chose de connu, il touche et hop ! Piégé par la réalité. Or, la réalité est un stupéfiant violent, une fois qu'on y touche on est accro.